Plus de mochi… Plus rien. Les paquets sont vides, les placards aussi, les sacs, les tiroirs, les boites, les paniers en osier… Rien à faire. Nulle part. La jeune femme posa les yeux sur sa petite fenêtre et s’en approcha, s’intéressant au temps actuel et prochain. Aucun nuage à l’horizon… Il lui faudrait un petit moment pour arriver jusqu’à un village où elle n’avait pas encore été et à la limite elle pouvait espérer tomber sur un marchand ambulant. Depuis quand prenait-elle la peine de réfléchir à ce genre de chose ? Qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve, les mochi sont sacrés. La jeune femme attrapa donc une petite bourse et compta ses ryo avec minutie. Suffit pas d’arriver devant le marchand, il faut de quoi le payer aussi. Quelques minutes après avoir compté son « trésor », Seiza estima qu’elle avait bien assez pour une petite boite, le temps qu’elle chope un peu plus d’argents. D’ailleurs, il faudrait qu’elle commence sérieusement à trouver de quoi gagner un peu d’argent. Le problème, c’est que vu son léger problème mental, elle n’a pas conscience de l’importance de l’argent en ce monde. Des petites pièces de monnaie qui font que tu peux acheter le monde si tu en as envie. De ces petits bouts de ferraille tordue qui font que les gens sont prêt à tout pour toi, à partir du moment où tu leur en promets un petit tas après. Enfin… Ne pas en avoir conscience. Oui et non. Disons qu’elle ne se rend juste pas compte des conséquences dangereuses que ça peut avoir sur elle. Au pire, elle vole, et si elle se fait choper ? Qu’importe ? Elle n’y a pas réfléchit non plus. Sa folie lui voile les yeux, sa vision du monde est totalement incorrecte, elle fait confiance à ceux qu’elle ne devrait pas, et elle évite ceux qui pourraient lui venir en aide. Au début c’était un peu gênant, au final elle a juste décidé, naturellement, de se tenir recluse dans un endroit déserté et en ruine. Elle pouvait avoir à faire de temps en temps à un petit curieux, mais rien de bien grave. Et quand c’étaient des ninjas en mission chargés de la ramener… Là, ça devenait plus sanglant. Mais c’était toujours sans trop y réfléchir. La jeune femme ne pensait pas à mal, elle voyait juste un besoin vitale de se défendre, de ne pas se laisser emmener. Après tout, que pourraient-ils lui faire ? Elle ne faisait même pas attention aux bandeaux qui ornaient leur front. Et comme c’est une période de guerre, les Kage ne s’embêteront jamais à envoyer des troupes importantes. Elle était donc tranquille… Elle avait déjà parcouru Kiri la dernière fois pour acheter des friandises, elle devait donc changer un peu. Peut-être aux alentours de Konoha ? Cela serait plus risqué mais… Mais quoi ? Seiza est folle. Elle ne pense pas à tout ça, et si elle y pense, elle décide qu’elle improvisera le moment venu. La voilà donc partie, par un bel après-midi ensoleillée mais froid de ce très cher mois de novembre, pour aller chercher des mochi. Autant dire qu’elle ne s’attendait pas à tomber sur ce qu’elle croisa quelques jours plus tard.

Ses mochi, elle les avait trouvés. Dans son petit sac, posé sur son épaule, elle marchait lentement en direction de son chez-elle. Elle n’avait même pas eu besoin de trop approcher du village, étant tombée sur un marchand ambulant. Le truc maintenant, c’était de ne pas tout bouffer avant d’être rentrée à la maison… Là, ça devenait plus compliqué. Mâchouillant une petite pâtisserie avec gourmandise, la jeune femme fut interrompue dans son délice en entendant des bruits non loin d’elle. Sa folie avait disparu quelques secondes alors que tous ses sens s’étaient mis en alerte. Le regard se promenant autour d’elle, elle écoutait les sons qui l’entouraient. Le bruissement des feuilles lui traversait l’esprit, les petits bruits d’animaux lui plurent à peine quelques millièmes de secondes pour qu’elle se concentre à nouveau sur ce qui pouvait lui paraître anormal et, enfin, elle perçut un bruit de pas. Elle se tourna dans la direction d’où lui semblait provenir ce bruit et détecta rapidement le chakra qui s’approchait. Un petit corps le transportait… Un enfant ? La jeune femme s’enfonça légèrement entre les arbres qui longeaient le petit chemin et se mit à observer simplement le genin qui semblait… Totalement perdu. Elle eut un sourire en coin et alors qu’il continuait d’avancer, elle arriva en silence dans son dos.

Tu es perdu ? Demanda-t-elle de sa petite voix enfantine.

Autant le dire tout de suite, Konohamaru ne risquait absolument rien avec Seiza. Elle ne touchait pas aux enfants. D’ailleurs elle en fut presque déçue puisqu’elle ne s’y autorisait pas le vol non plus. Pas de mochi donc… Le regard parcourant le petit garçon qui se trouvait devant elle, la demoiselle eut un moment d’hésitation. Elle le connaissait ce petit là… Et le bandeau qu’il portait sur le front ne lui était pas inconnu. Un léger sourire naquit alors sur ses lèvres quand il lui demanda si elle savait où était Konoha. Bien sûr qu’elle connaissait… Mais elle voyait surtout là une bonne manière d’avoir ce qu’elle veut. Elle ouvrit la bouche comme pour répondre mais s’arrêta net alors qu’elle avait relevé les yeux. Son sourire s’effaça légèrement de ses lèvres. Les yeux rouges que le gosse avait vus, ils étaient là. Un ours en fait, qui avait été dérangé pendant son sommeil. Coriaces les bêtes là… La surprise de Seiza ne resta pas longtemps puisqu’elle rebaissa les yeux vers le gamin avec un sourire amusé.

Un ami à toi ? Demanda-t-elle ironiquement. Puis elle pencha légèrement la tête sur le côté. Tu es un ninja non ? Alors fais le fuir… Tu as dérangé son sommeil… Il ne te lâchera pas avant d’avoir compris qui est le maître. Rajouta-t-elle d’un ton amusé.

Elle avait reconnu le jeune Konohamaru. Il était sans doute trop petit pour se souvenir d’elle, puisque quand elle était partie il était encore à l’académie. Mais elle l’avait souvent vu… Surtout avec Naruto en fait. Un nouveau sourire d’amusement éclaircit le visage de la jeune femme alors qu’elle repensait à son sexy-jutsu qu’elle avait aperçu de nombreuses fois. Qu’elle idiotie de la part de Naruto de lui apprendre une technique aussi… Inutile. A part avec Jiraya ou des débutants de seconde zone, avec qui cette technique pourrait-elle marcher ? Avec Naruto lui-même, nous sommes d’accord… Et l’élève dépassa le maître. Quelle ironie… Dans tous les cas, la jeune femme voulait voir de quoi le petit garçon était capable. Bien sûr ce n’était qu’un ours, le danger n’était pas réel. Il n’y avait pas de contre, juste le risque de se prendre un coup de patte dans la tronche. Quand on voit la taille du bordel on se dit que oui, ça peut être dangereux, mais pas pour quelqu’un comme Konohamaru. Ce gosse deviendra quelque chose un jour, Seiza n’en a jamais douté… Alors ce n’est pas un gros nounours qui va lui faire peur, si ?

Juste après son test, Seiza pourrait faire part de son marché à Konohamaru. Car oui, elle n’allait pas le ramener gratuitement à Konoha, surtout qu’il risquait, entre temps, soit de ne pas réussir à tenir sa langue, soit que les gardes de la porte du village trouvent ça suspect, soit qu’il ne revienne tout simplement pas. Seulement elle se doutait que le gamin n’eut qu’une parole et elle ne perdait rien à essayer. Ce qu’elle voulait ? Des mochi. Elle avait même de l’argent à lui donner pour ça. Mais elle prenait le risque qu’il pose trop de questions… Ou qu’il alerte les gardes. Mais ça… Ce n’est pas grave. Ces petites pâtisseries gluantes et sucrées en valaient largement la peine et, au pire, ce n’étaient que des gardes, elle pourrait leur échapper facilement. Sa planque n’était pas ici mais à Kiri donc le temps qu’ils la cherchent, des soleils et des lunes seraient déjà passés. Et puis, n’oublions pas qu’il est un mini Naruto ! Si le blondinet est devenu quelqu’un d’intelligent et de doué, au même âge que Konohamaru il n’était qu’un imbécile trop impulsif et foncièrement seul. Elle aurait peut-être dû passer du temps avec, finalement ? Elle aussi était très seule. Et les bêtises que faisait Naruto avaient toujours amusé Seiza. Ce gosse avait des idées de malade qui lui traversaient l’esprit sans aucune raison… Enfin si, se faire remarquer, mais à part ça ?

Sortie de ses pensées au bout de quelques secondes, la jeune femme reposa les yeux sur le gamin puis sur l’ours. Elle s’accroupit alors légèrement pour faire face à Konohamaru et plongea son regard bleu dans celui du genin.

Je sais que tu peux le faire Konohamaru, ce n’est qu’un nounours vivant. Assura-t-elle en souriant.

En sachant que le gamin ne lui avait pas donné son nom, ça pouvait porter à confusion. Et il allait surement se poser des questions. Mais tant pis… L’heure n’était plus aux discussions. La jeune femme se redressa et alla simplement s’adosser à un arbre, croisant les bras d’un air tranquille. Elle portait une petite poche semblable à celle de Konohamaru, où étaient rangés des kunai et des shuriken. Donc… Il y avait de fortes chances que Seiza soit aussi un ninja et que si ça se passait mal, elle intervienne. Alors pourquoi n’avait-elle pas de bandeau ? Bonne question. Qu’il n’était pas le moment de se poser. L’ours se dressait sur ses pattes arrière en se mettant à grogner férocement, puis s’avança vers le petit garçon… Petit garçon qui allait bien vite devenir grand. Les yeux de Seiza ne loupaient pas une miette de ce qui allait se passer.

Le combat du jeune Konohamaru avec l’ours fut… Epique. Epiquement drole. Le gamin avait l’air d’être monté sur ressort avec tous les bonds qu’il faisait, un vrai petit kangourou. Les yeux de Seiza n’en loupaient pas une miette, elle avait un sourire sur les lèvres et ne bougeait pas de son arbre. L’ours était lent… Enervé qu’on l’ait dérangé dans son sommeil… Et le sourire de Seiza disparu bien vite de ses lèvres lorsque Konohamaru le tua. Comment un si jeune garçon pouvait prendre la vie d’un être vivant aussi simplement ? Le pire, c’est que quand il revint à elle, il semblait tout fier. Seiza posa de nouveau les yeux sur l’animal sauvage pour s’en approcher. Les humains… Elle les fracassait sans état d’âme. Les animaux par contre, c’était autre chose. Ils étaient sur terre bien avant les hommes, ils ne faisaient de mal à personne, vivant leur vie dans le calme paisible des forets, des plaines, des bords d’eau… Pas de quoi les éliminer. Les ours n’étaient pas des créatures bien dangereuses en plus. Un peu ronchons quand on les tirait de leur sommeil… Mais rien de bien méchant. Un petit feu et la bestiole s’en serait allée pour retourner dans sa grotte afin de faire de jolis rêves de miel sucré. C’est donc tristement que Seiza ignora la question du genin qui venait de revenir vers elle avec son air méfiant et fier d’avoir terrassé l’innocente bête. Elle s’approcha de l’ours, le cœur lourd, et s’agenouilla près de lui en posant une main sur son pelage. C’est avec surprise qu’elle sentit encore quelque chose cogner en lui, à l’emplacement de son cœur. D’un geste vif, elle retira le tissu qui recouvrait son bras droit, pour laisser à découvert un long tatouage qui la parcourait de tout son long. Elle se plaça près du kunai qui était planté dans la tête de l’ours, apparemment pas assez profondément pour avoir touché le cerveau, et le retira d’un geste vif. L’ours lâcha un grognement de douleur mais resta coucher. Le sang s’écoulait de sa tête rapidement. La jeune femme exécuta quelques signes puis plaça sa main au sommet du crâne de l’ours, au-dessus de sa blessure, laissant une lueur bleue refermer celle-ci rapidement. L’animal gronda légèrement, encore sonné par la douleur, avant de se relever, titubant légèrement, pour fuir à travers la forêt. Lâchant un faible soupir de soulagement, Seiza se releva alors en remettant correctement le tissu autour de son tatouage. Une technique aussi longue à se revigorer pour un ours… On aura tout vu.

Ramassant le kunai qu’elle avait posé à côté d’elle, Seiza se leva pour faire face au gamin, lançant le kunai à ses pieds pour qu’il se plante dans la terre. Son regard dévisageait Konohamaru avec froideur et toute la dangerosité de Seiza émanait d’elle. Le vent se glissant dans son capuchon, la jeune femme le retint pour qu’il ne s’échappe pas de ses cheveux, et elle approcha à nouveau de Konohamaru, la tête penchée sur le côté. Elle ne lui ferait rien… Trop jeune.

Ce n’est qu’un ours… Si tu commences à tuer des animaux qui défendent seulement leur territoire, que feras-tu face à tes ennemis ? Voir à tes amis… Je t’ai demandé de lui montrer qui était le maître, pas de jouer le vengeur sanglant.

Son regard s’adoucit légèrement. Il était jeune… C’est normal qu’il fasse des bêtises. Mais ce genre-là pouvait se révéler être grave. Posant un doigt sur le front du jeune genin, Seiza le poussa doucement pour poursuivre sa remontrance.

Enfant ! Dit-elle simplement avec un sourire en penchant légèrement la tête sur le côté.

Il était trop petit pour se souvenir d’elle, mais peut-être que son nom ne lui serait pas inconnu ? Elle était recherchée après tout, bien qu’elle n’ait jamais fait de mal à quiconque de Konoha... Plongeant son regard dans les yeux du gamin, elle finit par répondre enfin à sa question.

Mon nom est Seiza. Uzumaki Seiza.