Akatsuki. Il sonnait prometteur, ce nom. Dans l'esprit d'Hidan, le raisonnement était vite effectué – ce qui constituait un miracle en soit -, une organisation portant le mot « Rouge » dans son titre ne pouvait qu'être intéressante. Le rouge était la couleur du sang – je vous en apprendrais tous les jours n'est-ce pas – et ainsi par extension du carnage. Comment voulez-vous qu'il passe à côté d'une promesse si aguicheuse ? C'était comme proposer des bonbons à un enfant, il était fort improbable que ce dernier crache dessus et parte en vous insultant, ou alors il serait vraiment mal élevé le gamin. Hidan avait une bonne éducation de ce côté-là – et seulement de celui-ci - : quand on lui proposait si généreusement une place où il pourrait accomplir son culte en toute quiétude, il serait stupide de refuser.

Ainsi, quand il avait pour la première fois rencontré ses petits camarades de jeu, inutile de préciser sa grande perplexité face aux guignols qui se présentaient à lui. Il avait bien plus l'impression d'entrer dans une troupe de cirque itinérante que dans le club fermé des shinobis les plus redoutables. Sérieusement. Il en aurait presque eu pitié de ces pauvres âmes hérétiques. Jashin avait sûrement dû rire à gorge déployée quand il avait aperçu son poulain parmi cette agglomérat de gens particulièrement bizarres. Lorsque Kakuzu l'avait recruté, il n'avait jamais précisé qu'en réalité, il allait avoir affaire à une belle bande de branquignoles. Loin de lui la critique facile, hein. Il se considérait juste légèrement supérieur à ces hurluberlus.

Lui, il avait Jashin, un Dieu, dans son partis, rien que cela. Il était immortel. Il était au dessus de ce ramassis de soit-disant méchants. Sans vouloir se vanter, ses aptitudes dépassaient largement celles d'un ninja lambda qui était content lorsqu'il arrivait à utiliser une substitution correctement. Jashin, dans sa grande mansuétude, amen, lui avait accordé ce don, cet incroyable talent – sans aucun mauvais jeu de mot. Il était grand, puissant, sans pitié, il n'aidait pas les faibles mais les achevait volontiers. Il avait choisit Hidan, par conséquent, il était tout à fait naturel de son point de vue qu'il se sente au-dessus du lot pathétique de l'humanité. Franchement, les zozios en robe avec du vernis à ongle pouvaient aller se faire mettre bien correctement. Gâcher un tel pouvoir pour des êtres inférieurs serait sûrement un blasphème de toute manière. Oui, à ce train-là notre futur membre de l'Akatsuki confirmé n'allait plus pouvoir passer les portes avec le melon qu'il se trainait à l'époque. Il éclata de rire devant l'assemblée qui se tenait devant lui.

« C'quoi c'te merde ? J'me casse. »

Il tourna les talons pour se diriger vers la sortie de la grotte qui servait de repère secret. Secret ... Même cet aspect-là lui donnait envie de rire à s'en péter une côte. Il était confiant en ses capacités, du moins, il était confiant en Jashin qui l'épaulait. Sans aucune hésitation, il pensait mériter mieux. Il se rappelait parfaitement de la première fois où il avait ressenti cette supériorité, ce quelque chose qui avait changé en lui et qui lui avait permis de devenir quelqu'un d'extraordinaire.

Peu de temps après qu'il ait massacré ses voisins de Yu, lorsqu'il errait avec pour seul but de satisfaire les caprices de Jashin, un shinobi de l'ancien village lui était tombé sur le coin de la ganache. Soit-disant que le type voulait se venger pour avoir massacré ses potes et le buter. Quelle connerie. A cet instant la seule idée qui avait obnubilé Hidan durant tout le speech de l'autre con, était qu'il avait commis l'impardonnable faute de laisser un survivant dans son sillon. Un peu dans la lune, l'autre enfoiré l'avait planté avec un sabre direct dans le bide.

Logiquement, n'importe qui en serait mort. Sauf lui. Parce que Jashin veillait sur lui. Il se souvient avoir beaucoup rit ce jour-là. C'est sûr qu'avoir un sabre planté en soi était parfaitement risible, à ce train-là, autant se payer une bonne tranche devant une photo de chaton mort – personne n'est capable de se marrer devant un tel spectacle, ou vous n'êtes pas humain. Bref, quand il avait massacré l'importun et qu'il s'était rendu compte du merveilleux don divin qui l'avait investi – il avait fallu le temps que l'information monte au cerveau -, inutile de préciser la confiance nouvelle qui s'était imposée à lui. Allons, qui ne frimerait pas en se sachant immortel ... On ne va tout de même pas le blâmer.

Il avança sans même jeter un coup d’œil en arrière. Le peu qu'il avait vu lui avait suffit à définitivement lui prouver que seul Jashin était digne d'intérêt dans ce bas monde. Avec tout le respect qu'il devait à ces charmantes personnes, faire équipe avec le poisson rouge, la plante carnivore, la tête de citrouille et le pseudo-artiste au féminin était au-dessus de ses forces. De plus, son culte n'était dédié qu'à Jashin, jamais, ô grand jamais il n'intégrerait une autre secte qui pourrait éventuellement lui faire renier sa sainte religion. Le dénommé Kakuzu lui avait vendu du pur rêve. Des vacances sur une île paradisiaque des tueries en prime sous couvert d'un but fantaisiste sans aucune importance pour être honnête.

Alors qu'il marchait afin de s'éloigner au plus vite de cet endroit craignos mauvais pour son karma, il entendit un bruit de pas derrière lui. Loin de se démonter, il soupira. Merde à la fin, ils étaient collants en plus. Décrochant la faux accrochée à son dos, il sourit par avance. Jashin aurait un sacrifice aujourd'hui, finalement, il n'était pas venu pour rien. Il passa une main dans ses cheveux, un rictus collé sur son visage, le fameux sourire qui n'annonçait rien de bon pour la suite des évènements. Se retournant d'un mouvement vif, il donna un grand coup de faux en direction de l'emmerdeur qu'il reconnut en la personne de Kakuzu.

Malheureusement, la suite ne s'était pas déroulée comme prévu ... Pourtant ce n'est pas tant le combat de son intégration foireuse qui nous intéresse ici, mais plutôt ce qu'il se passa dans sa tête après cette défaite cuisante face à son futur partenaire. Oh, pour ceux qui se demandent, il se passait bel et bien des choses là-haut, contrairement aux apparences son cerveau était pleinement capable d'analyser les situations et d'envoyer des signaux d'alerte, un peu comme à cet instant. Une véritable humiliation, voilà réellement ce qu'il ressentit lorsqu'il dû intégrer l'organisation après s'être fait rétamer en beauté. Tout d'abord, la colère l'envahit. A trop se croire invincible, il en était réduit maintenant à l'état des imbéciles dont il se moquait précédemment. Sa confiance venait de prendre un coup de batte de baseball en plein genoux, même celle dans le cadeau de Jashin avait vacillée ce jour-là.

Cette profonde honte ne le quitta pas durant ses premiers temps à l'Akatsuki. Ce sentiment acide d'avoir lamentablement échoué, d'avoir commis un péché, brûlait les veines de son orgueil. En revanche, en ce qui concerne Kakuzu, il ne pouvait s'empêcher d'exprimer intérieurement une profonde admiration. Ce vieux lui avait appris ce qu'était la vraie immortalité et la bonne manière de l'utiliser. En fait, ce point ne faisait qu'attiser sa colère. Désormais, il était coincé parmi ces imbéciles. Finalement, il y avait trouvé son compte après adaptation. Le but de l'organisation était peut-être complètement accessoire pour lui, néanmoins, le quota de morts nécessaire à sa bonne santé mentale – ahah – se remplissait comme si de rien n'était. Les mois passant, il finit par oublier ses sentiments qui se révélaient superfétatoires dans la mesure où il trouvait son compte.

Quoiqu'il en soit, Hidan jura mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Ou pas.