▷ histoire.
Il y a des matins où les célestes s'amusent aux échecs. Ils placent les pions, dirigent les manœuvres, hument la victoire ou la défaite avant même de les rencontrer. Il savent tout, avant tout, sont tout. Leur mains se posent sur le monde, et choisissent.
Aujourd'hui, la reine a été élue. Elle n'a rien de spécial, rien de plus que les autres nés au même instant. Elle est juste... elle. Son passé est inexistant, son présent est un hasard, son futur est tout tracé. Elle sera celle qui commande, plus forte même que le roi. Sa naissance même fait d'elle un objet de fête, de rencontre. Reira, noblesse incarnée, est née pour écraser les autres. Sa posture ne se juge pas, elle est au dessus, c'est tout. Son physique peut paraître banal, qu'importe, elle sera la plus belle. Son intelligence n'est pas hors-normes, rien à faire, elle serait la tête de classe, la meilleure, l'élite de tous.
Pourquoi elle, pourquoi maintenant ? Le hasard, un poids du fatum mérité ? Un cadeau ou une malédiction. Elle est simplement l'héritière d'une des familles les plus riches d'Iwa. Les grosses fortunes en sont toutes informées, un salon privé est ouvert, la dégustation se fait dans des jérémiades et des vantardises sans fin.
Le nourrisson est dans son berceau, crispé par cette ambiance beaucoup trop mouvementée pour lui. Quoi, elle voudrait juste dormir, dormir pendant au moins 12 heures d'affilée avant de manger un peu et de dormir à nouveau. Elle est fatiguée, épuisée, ferme les paupières... mais voilà que deux mains la saisissent par la taille. Elle est secouée dans tout les sens, jetée d'une paire de bras à une autre.
- Oh quelle est mignonne, vraiment...Et elle a tes yeux, Ruka.
Non elle n'est pas mignonne du tout, elle est même plutôt laide. Ses veines bleuâtres ressortent beaucoup trop, elle n'a pas un poil sur le caillou et ses membres sont potelés comme si elle était obèse. Ses yeux sont d'un noir d'encre, à l'inverse de ceux de Ruka, étincelants d'une lueur avoisinant le jaune et le vert.
Reira se met à pleurer, son visage se gonfle, se teinte de rouge. On panique un coup, on est même déçu de la voir ainsi. « Quoi comment ça elle pleure ! C'est même pas drôle » devaient-ils penser. Ruka est mal à l'aise et reprend sa fille dans les bras, comme désolée d'avoir à faire cette scène. Elle s'éclipse dans de débiles excuses et recouche l'enfant dans un tissu de la plus grande qualité. Du fil d'or et de la soie, pour un confort idéal.
- Tu aurais pu faire un effort, ma fille. Chuchota la mère à mesure que ses pas la reconduisaient à la sortie.
S'attendait-elle vraiment à ce qu'une petite voix, âgée alors de deux jour, s'exclame « Oui mère, je suis navrée ».
L'enfant se rendormit aussitôt. Après tout, le pire était passé.
C'était froid, ces bagues, toutes ces ferrailles et ces pierres précieuses, sur tes joues rosies.
♦♦♦
Ton regard plongea vers le sol. En dessous, dans le jardin, ta sœur aînée gambadait de droite à gauche. Elle n'avait que 3 ans de plus que toi, mais elle te semblait diablement plus mature. Ses cheveux flirtaient avec le vent à mesure qu'elle avançait. Elle te lança un signe de main et disparu derrière la porte. Chiaki poussa un petit cris d'impatience, assez fort pour qu'il parvienne jusqu'à ta chambre. Sans que tu ne t'en rendes compte, elle avait déjà glissé le long de ta porte et sa main vint saisir la tienne, te tirant alors de toutes ses forces. Ou elle allait, ce qu'elle voulait ? Au fond tu t'en fichais un peu. Ta sœur, tu l'aurais suivie jusqu'au bout du monde sans un mot si elle t'avait entraînée.
Vos pas résonnèrent dans le couloir, puis sur le pavillon, et enfin dans la rue. C'était la première fois pour toi que tu sortais dehors sans la juridiction des parents. Ton cœur se serra à mesure que vous avanciez. Au bout du chemin, un arbre et une balançoire. Le rêve pour une gamine de ton âge. Ta sœur t'aida à t'installer, toute essoufflée d'avoir accouru aussi vite.
Et puis.
Et puis...
La liberté. Un va et vient dans les airs, avec le vent comme simple caresse. Une caresse que tu ne connaissais pas, une tendresse que tu aurais aimé connaître. Tes cheveux d'ébènes s'envolèrent, toujours un peu plus vite, toujours un peu plus haut. Jusqu'à ce qu'une pierre atterrisse pile sur ta tempe gauche. Le choc te fit tomber à la renverse, ridiculisant encore plus l'action. Ton front fut victime d'une bouffée de chaleur, le sang commençait déjà à couler.
Des rires sonnèrent au loin. Chiaki fit volte-face. Des enfants, pas plus âgés qu'elles, s'approchèrent en groupe. Leur tenues évoquait leur rang social, des pauvres, peut-être même des mendiants ?
- Ouuups, pardon, désolé ça m'a échappé, haha
- C'est quoi votre problème !
Leur expression changea du tout au tout, comme si la réponse était évidente
- On s'ennuyait juste...
Une forme de malice, que tu ne pouvais comprendre, teinta leurs prunelles. A leur âge, ils avaient déjà connu toute une vie, et cela se reflétait dans leur yeux. Tes yeux s'embrumèrent, mais aucune larme ne coula. C'était juste, que tu ne comprenais pas encore, à quel point ta vie allait être jalousée des pions.
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Si les brimades et les querelles s’enchaînaient, aucunes ne parvenaient à te mettre plus bas que terre. Tu pouvais saigner, crier, avoir mal... mais pas encore abandonner et larmoyer de détresse. Chiaki elle, faiblissait, de jour en jour. Ses prunelles se ternissaient, mais elle cachait tout, par fierté. Bien sur, les parents n'étaient jamais au courant. Ils pouvaient peut-être se douter de quelque chose, mais le peu de temps qu'ils vous accordaient ne suffisait pas à éclaircir cette situation.
- Ptite sœur, on est des warriors, ok ? On ne peut pas céder !
Chiaki redoublait d'entrain pour combattre ses sentiments, mais, le soir, tu pouvais entendre ses sanglots qu'elle ravalait en silence. C'est à peu près à ce moment là que ton cœur commença à bouger. Quelque chose changeait, mais tu ne savais pas quoi ni comment. Voir Chiaki se briser était la seule chose qui pouvait t'atteindre, et sans t'en rendre compte, cela te força à prendre un rôle beaucoup trop ambitieux pour ton âge. Avec l'accord de ton père, tu fis embaucher un tuteur spécial qui avait pour but de vous enseigner les bases de l'art shinobi. Pour Chiaki, c'était plus une contrainte qu'autre chose, et elle déserta la chose en quelques mois seulement. Toi, c'était ta manière de refouler tout ce que t'écrasait. Le pantin que tu t'amusais à frapper n'avait certes rien fait de mal, mais au fond, toi non plus.
Encore un jour, et ce serait assez. Assez pour tous les battre, tous les écraser... et enfin les remettre à leur juste place. Ce n'est ni un revanche, ni de la colère, mais une justice que tu t'auto persuadais de croire.
- Grande sœur, aujourd'hui on est des warriors !
Affichant un sourire condescendant, tes yeux se posèrent au loin. La bande s'approchait, comme à son habitude. Ce qu'ils pouvaient rire, comme des fous. Ce que t'aurais aimé pouvoir rire comme ça avec eux. La main du premier se leva, mais fut contrée. Cette fois-ci, c'est toi qui jetait les pierres, que ça leur plaise ou non. Ton cœur s'emballa, et tes jambes enchaînèrent plusieurs pas. Ils foncèrent comme si leur vie en dépendait. Un coup deux coup. Rien ne pouvait plus vous arrêter. Ils étaient plus nombreux et plus âgés, alors, quand tu étais à court d'idées, tu mordais et griffais comme une bête l'aurait fait.
Les voilà au sol, gisants. Leurs yeux ne pouvaient te quitter, toi, l'unique personne à être encore debout. Ton pied vint se placer sur le torse de l'un d'entre eux, et un puissant rire t'agita. Ils n'en revenaient pas, et toi non plus d'ailleurs.
Après tout, la reine, c'était toi, devant le regard grisonnant de ta sœur.
♦♦♦
- Salope, bâtarde, petite vaurienne ! Déshonneur, tu fais honte à ton nom !
Tes yeux s’écarquillèrent. La main de ta mère s'empara avec hargne de la toison dorée de ta sœur. Elle pleurait, bon dieu ce qu'elle pouvait pleurer. Et toi, tu pleurais presque, intérieurement. Mais tu ne comprenais pas. Pourquoi ça ? Pourquoi elle ?! Son corps était marqué de bleu, sa tenue était déchirée, ses cheveux ébouriffés par la poigne incessante de la mère.
- Tu n'aurais pas du ! Tu n'aurais jamais du nous faire une chose pareille ! Jamais ! Je te préférerai morte !
- 'man arrête... pourquoi tu..
- Toi ne t'en mêle pas !
A peine t'étais-tu accrochée au bras de ta mère pour la retenir que celle-ci t'avais giflée d'une force telle que ton dos s'était retrouvé plaqué contre le mur. Éberluée, tu ne pus faire un pas de plus, un pas pour te rapprocher de Chiaki. Tu retomba à genoux, tentant malgré tout d'avancer, mais une épaisse main vint se poser sur ton épaule pour te retenir. Ton père regardait la scène, avec cet éclat inquiétant dans les yeux. Une leur impossible à déchiffrer. De la peine ? De la rancœur ? De l’inquiétude.
Chiaki, à à peine 17 ans, fut alors bannie de la maison. Tu avais beau demander, hurler, crier, supplier, rien n'y fit. On parlait de déshonneur, de trahison, mais rien de concret ne venait éclairer la situation. Ta sœur aurait, soit-disant, enfreint la pire des règles chez les propriétaires nobles : voler. Mais à quoi bon gâcher sa vie pour quelques malheureuses pierres précieuses ?! Ne se rendaient-ils pas compte qu'une vie ne pouvait être comparée à un minerai ?
Tes paupières se fermèrent, vaincues. Toutes ces raisons, tu faisais semblant de les croire et de les comprendre. Mais tu le savais, au fond, que rien de tout cela n'était la vérité. Ta sœur était là, quelque part, et elle avait besoin de toi. Mais pour l'atteindre, il faudrait que tu redouble d'effort, que tu obtiennes une confiance aveugle de ton père pour pouvoir agir en silence.
Entraîne toi, brise, rompt des muscles, fracture, coupe, progresse.♦♦♦
Etre promue Genin, c'est un fait. Mais être promue Chunin seulement 2 ans après, c'en est un autre. Cette rage de respect t'envahissant, faisant de toi une des plus téméraires de ta promotion. Certes, dans un village, quelques Ryôs sont toujours favorables, mais l'essentiel était que ce n'était pas toi qui avait eut à débourser quoi que ce soit. On avait émit l'idée dans une réunion quelconque, on te l'avait proposé comme on propose un bol de ramen pour le repas du soir. Le père s'était vu honoré, et avait accepté avec joie. Plus tu grandissais, plus ses yeux te regardaient avec fierté. Parfait, c'était ce qu'il te fallait : assez de confiance pour qu'il t'autorise à partir en mission de reconnaissance pour une longue période.
Pourtant, la seule chose qu'il trouva à te dire avant ton départ fut :
- Ne fais quelque chose que tu regretterais.
A croire qu'il savait tout. Comme si depuis le début, il connaissait ton unique secret.
♦♦♦
Chiaki était là, agenouillée au sol, un bambin dans un bras, des légumes dans l'autre. Son visage était creusé par la fatigue et le soleil. Sa peau était beaucoup plus foncée, tachetée par-ci par là. Elle avait du mal à marcher, était-elle blessée ? Son cou portait des marques, des plaies déjà cicatrisées depuis longtemps. Ce qui s'apparentait à un maître s'approcha d'elle et jaugea l'état de sa récolte avec intolérance. Un coup lui échappa, comme par pur réflexe. Tes sourcils se froncèrent, ta pauvre de sœur encaissait l'acte sans la moindre réaction, tout dans son regard indiquait qu'elle était déjà très loin.
Ton poing se serra. Pas moyen, il fallait que tu la fasses sortir d'ici, quitte à la cacher quelque part. Son regard se leva, t'obligeant à te cacher derrière un mur. Comment lui faire face ainsi ? Comment rester droite face à une sœur arrachée à son destin. Toi, la lâche, qui l'avait abandonnée et vécu dans le confort depuis son départ.
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La nuit tombée, tu trouva judicieux l'idée de te faufiler dans ce qu'il lui servait de petit appartement privé. Ton corps se glissa par la porte en prenant soin de ne faire aucun bruit. Ta main vint se plaquer contre sa bouche. Son corps entier fut prit d'un spasme de stupeur, mais ta poigne empêcha toute diffusion de bruit. Ton doigt vint se coller contre ta bouche, l'incitant à se taire. Elle se calma, dans un souffle, mais ses sourcils se froncèrent. Elle ne te reconnaissais pas ? Une lueur sombre s'installa dans ses yeux.
- Chiaki, c'est moi...
D'un coup de tête, elle se défit de ton emprise, cette fois-ci son corps entier revêti un aspect menaçant.
- Toi ! Tu oses ! Tu oses venir me voir, ici, comme ça ?!
Ton menton plongea, la mine grisée de honte.
- Je sais... J'ai tardé, mais il fallait que je gagne la confiance de père pour pouvoir m'éloigner longtemps de lui. Sans compter de l'autorisation du village. Mais je suis là maintenant, et je te ramène avec moi
Un vase vint se briser contre ton avant-bras -qui s'était redressé pour défendre ton visage-.
- Pour qui tu te prends ! Petite pute ! Crevure, ordure !
- Chiaki ! Chiaki du calme ils vont nous entendre !
- Qu'ils nous entendent alors ! Contrairement à certaines, je n'ai plus rien à perdre moi, mais toi...
- Chiaki, arrêtes ça ! Je ne pouvais rien faire pour toi à l'époque !
Un rire diabolique teinta les murs. Chiaki se tordait tellement elle semblait possédée par l'amusement, ce qui réveilla le bébé qui se mit tout de suite à pleurer.
- Ahahaha. Ce que tu es drôle petite sœur. Vraiment tordante !
- Chiaki bon sang, fermes-la et suit moi
Ta main aurait voulu l'atteindre, mais elle se recula d'un pas, cette fois-ci l'air un peu plus grave
- Je suppose que les vieux ne t'ont rien dit alors... Que c'est puéril, mais d'un côté, je peux avoir ce que je veux maintenant !
- Chiaki qu'est-ce que tu...
- Tu vois.. J'ai longtemps pensé à toi, à nous deux, quand on était plus jeunes. J'en revenais pas qu'en un an à peine d'entraînement, tu sois arirvée à laminer tout ces bouseux du quartier... D'un côté c'était cool... Mais franchement, ça me faisait chier ! Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais depuis toujours, les vieux n'avaient d'yeux que pour toi. Reira par-ci Reira par-là. Et moi, quoi que je fasses, niet.
- Mais c'est faux... Tu sais bien que
- La ferme ! Tu comprends rien ! Enfin voilà. Depuis le début il n'y a de place que pour une seule reine sur l'échiquier. Et ça les parents le savent, c'est pourquoi ils te mettaient tout le temps en valeur, à n'importe quelle occasion ! Et puis là, d'un coup, j'ai commencé à me dire « Mais tiens, si Reira n'était pas là » Il n'y aurait plus que moi, et je n'aurais plus eu de soucis à me faire ! J'ai commencé à y penser très très fort, assez pour que l'idée me hante, et que je ne sois pas satisfaite tant que ça ne soit pas réel. Tout aurait du se finir ce soir là, mais par je ne sais quel moyen, ce crétin de vieux à tout découvert et m'a chassée avant même que je ne te donne le poison à boire.
- Le …. poison ?
Un monde qui s'écroule. Des murs entiers, un ciel lourd et pesant, des hurlements, tout vient s’abattre contre toi, dans un brouhaha assommant. Elle se mit à rire, pendant que tu reculais d'un pas. Ton corps paraissait si lourd, tellement qu'il en tomba à genoux. « Une seule reine » résonna en échos. Un poids écrasa ton crâne, l'enfermant pour de bon dans ce cauchemar obscur.
♦♦♦
Les méandres s'amusèrent à t'arracher la peau à la pincette pour te réveiller. Le genre de douleur qui à la fois engourdi et alerte votre corps. Tes yeux s'entrouvrirent, penauds. Ton crâne brûlait, tes mains gelaient, le reste, semblait avoir été concassé sur place pour n'être plus qu'un pauvre tas inerte. On t'avais enchaînée, comme l'aurait été un traître ou un pariât.
Chiaki... Elle avait... Tellement changé.
Quoi qu'il se passe, quoi qu'on te dise, tu ne pouvais te la sortir de la tête. Elle avait parlé d'accomplir son vœu, et c'était peut-être le cas ; Le village de Kugame était réputé pour son autorité plus qu'informelle. Tu ne repartirais jamais d'ici, ces chaînes qu'étaient les siennes, elle venait de te les jeter à la figure, avec tellement d'élan que tu n'avais rien pu faire.
Les semaines qui suivirent transformèrent ton corps en simple objet. Un jour, objet de travail, un autre, de torture. Ces hommes n'en faisaient qu'à leur tête du moment qu'ils savaient un personne sans rang ni importance. Et étant donné que tu n'étais que la sœur d'une servante, qui avait en plus tenté de s'enfuir avec elle, tu ne méritais plus aucune faveur. La douleur physique avait beau être omniprésente, ce n'est pas ce qui t'affligeait le plus. Tu avais été détruite de l'intérieur, brisée comme du verre. Des éclats si nombreux qu'ils ne pourront jamais être recollés tous ensembles.
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Un peu plus d'un mois plus tard, une main rugueuse vint recoiffer une de tes mèches avec attention. Ton ancien toi aurait aussitôt renchérit par un mouvement évasif. Mais cette sensation, ce contact, te rappela un brin de nostalgie. Ton menton se leva dans un mouvement sec. Ton père te regardait avec un regard attristé ; pour la première fois, tu perçus l'entièreté de ses sentiments.
- Est-ce que tu regrettes ?
Ton visage se secoua mollement de gauche à droite, dans des larmes de cristal que tu ne pouvais pas réprimer. Pour la première fois, tu pleurais; face à une désillusion, la cruauté et le désespoir.
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Plusieurs années plus tard, te voilà Jonin.
La blessure interne est toujours présente, elle est du genre qui ne pourra jamais cicatriser, juste être apaisée par un quelconque baume. Depuis, elle est apparue. Cette personne qui est toi sans vraiment l'être. Elle est ce côté que tu préfères cacher, car trop éloignée des standards des hommes. Inexpressive, sans passion ni sentiments, juste là, en guise d'expiation, une porte de sortie trop facile à prendre. Il n'est pas vraiment question de la contenir, mais au contraire de la canaliser, pour pouvoir s'en servir à juste titre ; Raei serait une ombre, cachée derrière toi, une arme rangée à sa place. Ton père est d'ailleurs informé de ton état, et consent à la jauger. Elle n'est en rien une menace, mais juste cet échappatoire qu'il te faut parfois pour oublier, le temps d'un instant, et juste, être toi.
Chiaki est décédée peu après. Ton cœur s'est quand même serré. Tu as également décidé, du haut de tes 22 ans, de prendre en charge son enfant, Mei, une ravissante petite fille de 7 ans. D'un côté, elle est ce baume qui apaise ton cœur, son innocence fait d'elle une recomposition de Chiaki sans qu'elle le sache, et l'avoir à tes côté te suffit amplement pour penser tes blessures. La protéger, comme tu n'avais pas su le faire avec Chiaki, sera donc ta volonté la plus forte.