Une stature plutôt droite, quoi que légèrement cambrée. Le torse bombé, une allure fière qui ne semblait pourtant rien défier. Les plus nerveux ont une phobie des fiers d'eux, faisant un complexe soit d'infériorité, soit de supériorité. Le résultat restait le même, ils chercheraient à se placer au dessus ou les placer en dessous, donc à faire couler le sang. Mikami n'avait pas à subir ces contre-temps. D'une part parce qu'il avait adopté cette allure naturellement sans se soucier de ce sentiment de fierté qu'il arborerait, ceci car il ne portait aucune importance aux regards extérieurs, et d'une autre part parce qu'il n'inspirait rien à l'entourage qui pousserait à s'en prendre à un gars de sa taille et de sa carrure, même si le bandeau frontal, l'emblème du clan et le katana restaient dissimulés sous la cape noire et la capuche qui l'enveloppaient souvent, du moins avant l'incident.
En plus de dépasser de peu la moyenne des hommes de l'époque, sa largeur d'épaule laissait présager d'une musculature soumise à rude épreuve et rodée à donner des coups cinglants. Sa chevelure ténébreuse semblait aspirer toute lumière tandis que son teint blafard détachait la certitude qu'une quantité normale de sang circulait derrière ce visage et ces lèvres impassible. Cependant, les yeux d'un Kurorai restent la chose la plus perturbante pour le monde extérieur, parmi ses trois particularités physiques héréditaires que font le cheveu, le teint et l'œil. En effet, d'un jaune sombre et profond, ce dernier abandonne à quiconque le croise ce ressenti de se laisser pénétrer de toute la violence du monde et son indifférence quant au sang qui vient chaque jour arroser le champs de la haine constamment ensemencé, au pas cadencé par cette croissance obsessionnelle. Toute la haine, le désespoir, la solitude, la rage, la folie, la peur... Tout un amalgame mélancolique concentré entre deux pupilles aux couleurs d'éclair...

Un réveil douloureux... *que s'est-il passé cette nuit ? Cela fait bien deux ou trois fois que je me réveille avec l'impression de ne pas avoir dormi et des courbatures partout dans le corps, depuis ma renaissance... qu'est-ce que j'fous là?*

Mikami décolla péniblement sa tête du plancher, sentant de larges picotements parcourir son échine. Il se mit faiblement sur ses pieds et releva son dos, le crâne enfoncé dans sa main droite. L'impression d'avoir été vidé de toutes ses forces. Il finit par rejoindre la porte et tenta d'ouvrir la poignée, qui resta bloquée. Elle était fermée depuis l'extérieur ? Ne comprenant pas, il leva la tête vers le plafond, éventré d'une large balafre qui avait déchiré même les poutres en bois.

*C'est par là que je suis entré... ?* Le ciel était nuageux, et les nuages menaçant, choses étranges en cette saison et en cette région pensa Mikami. Pourtant l'atmosphère respirait l'après-guerre. Il sauta sur le toit et regarda autour de lui, dans les rues, les bâtiments et habitations... L'architecture lui revint, sa route l'avait poussé à faire une halte dans ce village, mais ce matin tout était en ruine ou délabré, certaines maisons menaçaient de s'effondrer sous les poutres branlantes, de braises éteintes et humides... ainsi que des masses de tailles différentes couvertes par des draps noirs. Que c'était-il passé ? Le shinobi savait que ça avait un rapport avec son état physique, car il avait déjà rencontré une telle situation. Vous êtes vous déjà réveillé au beau milieu d'un carnage sans nom ? Ne cherchez même pas à imaginer...
Mais ses capacités de shinobi n'étaient pas au niveau d'une telle catastrophe ! Ce ne pouvait pas être lui ! Mais alors, une des rares personnes qui balayaient les routes, têtes baissées sur leur balaie et accablé par les évènements l'aperçut, et dans un élan de stupeur et de peur, d'abord paralysé puis pris comme soulevé par son instinct de survie, lâcha le manche de ce qui lui servait à amorcer l'oubli de cette nuit noir et s'écria, le doigt levé vers Mikami :

- H.. Ah ! C... C'est lui ... ! Le Yamirai no shinobi ! S-Sur le toit !!

Un vent de panique silencieux souffla sur toute l'assistance qui resta un léger moment la tête levée et déconfite face à ce qui semblait être une vision apocalyptique... Puis des dizaines d'homme arrivèrent par les ruelles jonchées de pierres et de bois, puis d'autres dizaines par les autres côtés, attirés par le bruit. Tous le regardaient avec un amalgame de haine et de crainte fondées sur le vécu. Mais ...

- KATON, ...

Se sentant faible et menacé, Mikami disparu dans un shunshin, laissant les villageois à leur village, du moins ce qu'il en restait. Il réapparu dans un quartier périphérique de la zone qui avait été détruite. Tout était calme et silencieux. Les personnes devaient sûrement êtres attelés à la reconstruction, ou du moins ils appelleraient ça comme ils le voudraient, s'ils avaient la tête à trouver un nom à ce qu'ils faisaient...
Quant à Mikami, il devait savoir. Calmement, il analysa la situation et décida de retourner en ville en quête de plus d'informations. Sous un Henge no jutsu, la technique de métamorphose, il retourna en zone sinistrée.
N'ayant que peu de temps, il aborda une personne isolée qui dégageait des débris sur ce qui semblait être la voie principale. "Excusez-moi monsieur.. qu'est-ce qu'il s'est passé ici... ?" La personne eut un moment d'hésitation, il avait l'air d'avoir peur. Puis, comme surpassant une omerta passée, il lâcha :

- Un shinobi s'est battu contre le clan Ikamuzu et voici où nous en sommes...
- Un shinobi ? Quel shinobi ?
- Je n'en sais rien... On ne l'a vu arboré aucun bandeau et il était seul du début à la fin.
- J'imagine que ça doit beaucoup vous bouleverser, mais pourriez-vous me donner plus de détails ?
- Euh, oui bien sûr... Il paraîtrait que tout a démarré aux tables de cette auberge, celle plus loin avec un trou dans le toit. Deux membres de ce clan aux pratiques de mafia, trop ivres, se sont embrouillés avec le shinobi qui sirotait on ne sait quoi seul à la table voisine, on m'a dit qu'il dérangeait leurs affaires. Je ne connais pas les détails, mais les deux ninja auraient reçu une correction aussi rapide qu'incroyablement propre. Mais la bagarre a continué dans la rue... Vous savez cette mafia détenait pratiquement l'intégralité des établissements de la région et était constituée en grande parties de nuke-nin..
- Détenait ? Mikami se souvenait... l'auberge, la bagarre, c'était lui le ninja seul à la table voisine... Mais la suite demeurait encore floue.
- Oui, car il n'en reste plus rien aujourd'hui. Tous sont morts cette nuit, même leur chef avait rappliqué.
- Tous... morts ? Les yeux grands ouverts derrière sa fausse enveloppe corporelle, les faits revenaient à son esprit. De plus en plus d'ennemis qui arrivaient en renfort dans la rue, la bagarre qui vire en bataille... Puis il s'exclama, Donnez-moi plus de détails !
Son interlocuteur fut surpris par cette réaction, mais il poursuivit :

- Et bien les ninjas se sont battu... Je suis arrivé à ce moment là, attiré par le grabuge. Au début, l'homme seul surpassait ses ennemis, mais il se battait bizarrement. Il avait l'air de donner certains coups sans s'y attendre lui-même. Il maîtrisait très bien son sujet, mais plus les déserteurs arrivaient, plus il avait du mal à les contenir. Il a même faillit y passer plusieurs fois, mais à chaque fois il s'en sortait d'un coup de maître digne d'un grand manieur de sabre ou expert en ninjutsu. Il a tranché trois ennemis d'un coup de kunai, lui-même ne semblait pas savoir pourquoi ni comment. Jamais il ne l'ont eu mortellement, ni même blessé. C'était hallucinant ! Le combat dura plusieurs heures et entrainait à chaque fois plus de dégâts matériels. Il était fort, mais ne semblait pourtant pas si puissant que ça, mais il ne s'est jamais laissé avoir, comme protégé par une force ancienne ! Mais il s'épuisait, et il y eu ce moment... Sûrement à court de chakra, il tomba à genoux, et sa tête se pencha en arrière, les yeux blancs, et... ... et.. jamais je n'ai vu quelque chose de tel. J'en tremble encore, c'était si sombre... ! Un fumet noir se mit à l'envelopper et le souleva par le torse, et il se mit à bouger, puis à combattre tel un zombie, la tête en arrière, animé d'une puissance si froide et ténébreuse que de sombres nuages vinrent cacher le ciel étoilé... Et ce fut un massacre... ! Ses techniques raiton devinrent noires et la tête du chef tomba en premier. À partir de là, ce fut la panique dans les rangs ennemis, qui d'abord ne put résister à l'orage puis s'enfuit désespérément... mais c'était peine perdue. Tel un démon, il les poursuivit jusqu'à réduire les habitations en cendres d'un seul éclair, même les nuages étaient avec lui ! Et je me suis enfui, et je ne connais pas la suite... Maintenant veuillez m'excuser mais, même si j'ai pu mettre ma famille à l'abri, c'est ma maison qui git à vos pieds... C'est tout ce que nous avions, il faut que j'en récupère un maximum...

Puis il rebaissa la tête et se mit à fouiller. Mikami resta muet, et disparut dans une ruelle. La bataille lui était revenu à la mémoire, mais plus rien après avoir perdu connaissance. Était-ce vraiment lui qui avait développé toute cette puissance ? Serait-ce possible... Ou alors était-ce le fruit d'un genjutsu lancé sur tout le village, dans le but de laisser cette mafia s'échapper, et Mikami n'aurai été que le prétexte pour leur servir d'échappatoire... C'était la première fois qu'il avait un témoignage direct d'une nuit sans souvenir. La fois dernière, les faits étaient loin d'être aussi graves, mais la première fois, il se réveilla dans un champs arrosé de sang et parsemé de cadavres... Comment aurait-ce été possible ? Toutes ces histoires depuis ce jour là, le point de départ...

Plus d'un an auparavant - https://www.youtube.com/watch?v=s7GpiD5EVe0&list=RD02bmDDvghJOw8&shuffle=417

Ses paupières s'entrouvrait doucement, comme un matin allègre ou aucun soucis ne nous préoccupe l'esprit, aucun... peut-être même pas assez, cela lui paraissait suspect, sans savoir pourquoi. Mais cependant aucune sensation de malêtre. Simplement une certaine légèreté matinale qui était loin de lui être familière. Mikami se releva et regarda ses mains, puis en passa une dans ses cheveux long et brun. La porte s'ouvrit sans un grincement, et apparu un homme plus tout jeune portant un plateau... avec un petit-déjeuner, et du thé chaud. Il arbora un sourire chaleureux et posa le plateau à son chevet. Il était souriant, alors qu'il ne se connaissait même pas. Peut-être cet environnement a joué un rôle plus ou moins déterminant dans ce qu'allait devenir le jeune ninja ; parce que, entre nous, ce vieil homme était à l'opposé de ce qu'était Mikami ne serait-ce que quelques jours plus tôt.

- Tu as bien dormi ?
- E-euh... oui...
- Tant mieux ! Voilà un bon petit déjeuner bien chaud, il faut que tu te remettes de tes gelures.
- O-Oui...

Puis il saisit le thé, et en bu naïvement. Il était délicieux, mais plus les secondes passaient, plus Mikami se rendait compte qu'en fait il était paumé. D'un il ne savait pas où il était, de deux, il ne connaissait pas cette personne, de trois, il ne se souvenait pas de la veille, ni de l'avant-veille, ni des autres jours d'ailleurs ! Rien. Mais tout allait bien, tout semblait routinier et normal. En revanche, il savait qu'il n'était pas chez lui, et qu'il n'avait jamais vu cette personne avant. Quelle sensation étrange, savoir ce qui n'a pas été, ne pas savoir ce qui a été. Le nœud du problème résidait en cette question, mais il ne le savait pas encore.

- Tu es un shinobi ?
- ... o
- Je sais en fait, ton équipement est rangé dans cette armoire, je te l'ai enlevé pour que tu puisses dormir à l'aise. Tu as mis du temps à te remettre de ton hypothermie, tu as failli y passer. Je t'ai trouvé ce kunai à la main, lui, tu ne voulais pas le lâcher par contre. J'ai aussi pansé tes blessures, tu as mené un rude combat... Mikami.
- Hein ?
- C'est bien comme ça que tu t'appelles ? C'était écrit sur le kunai que tu tenais.
- Ah... oui.
- Tu n'avais pas de bandeau frontal par contre, tu n'es d'aucun village ?
- ...
- Boah, tu n'es pas obligé de me dire d'où tu viens, tu sais... Oh ! Tu es déjà sur pied ?

Mikami s'était levé, et d'un premier pas titubant, il se dirigea vers le placard où étaient rangés ses affaires. Juste t-shirt, pantalon et chaussures traditionnels de shinobi, et le sac qui va à la jambe. Rien de plus. Il les enfila alors, et se dirigea vers la porte qui donnait dehors. "Tu, tu t'en vas déjà ?" Mikami resta devant la porte, immobile "Oui, il, il faut vraiment que j'y aille... Je vous suis énormément reconnaissant, mais je, je suis... pressé." Puis il sortit d'un pas étrange, le vieil homme était resté assis sans rien dire, alors qu'il voyait sa silhouette s'éloignait.

En vérité, Mikami était totalement perturbé. Qu'est-ce qu'il allait faire, qu'est-ce qu'il avait fait ? L'impression d'être nulle part, au milieu d'une Terre connu dont toutes les grandes lignes de son vécu ont été effacés. Que faire ? Il avait envie de crier vers le ciel, hurler comme un dératé pour retrouver son manque... Mais quel manque ? Il ne se souvenait de rien, comment pouvait-il souffrir du moindre manque ? Pourtant son thorax semblait se soulever sous le poids d'un sentiment inconnu. Que devait-il faire, où devait-il aller... Il n'en savait rien et semblait avancer en pleurant, sans qu'une larme ne coule, puis il avançait, avançait, sans même savoir où aller, sans rien savoir du tout. L'impression d'être vide. Sans son rendre compte, il avait embarqué son kunai qui se balançait faiblement à son doigt, comme victime des mouvement aléatoire de son bras.

À partir de ce jour, Mikami continua d'avancer là où le Temps le guide, entre son passé et son futur, non pas dans l'instant présent mais Nulle Part, coincé entre deux inconnus. Son passé le croiserait sûrement à plusieurs reprises, les choses lui reviendront naturellement, au fil de ses aventures. Surnommer depuis l'incident du clan Ikamuzu le Yamirai no shinobi, allez savoir sur qui il allait tomber, et sur qui ces derniers allaient tombés...