Pendant neuf jours, j'ai cru que j'étais mort. Je ne sentais plus mes membres & il faisait trop noir pour voir quoi que ce soit. Je n'entendais même plus Saiken, lui dont les paroles auraient pu me rassurer. Non, rien. Bien que je me faisais une idée de ce que je vivais. Ces instants passés dans l'obscurités me donnaient l'impression que j'étais resté dans le coma pendant plusieurs mois mais au final, ce furent la fatigue et les multiples douleurs internes qui eurent raison de moi. Et si un autre ninja ne contrôlant pas le bijû aurait fait ça, je pense que c'est la démence de son bijû qui aurait eu raison de lui sans aucuns problèmes. Heureusement pour moi que Saiken & moi nous nous entendions bien sinon je ne me serai pas prononcé sur les conséquences qui auraient pu survenir. Heureusement ce n'était pas le cas, et mon inconscience permit aux ninja médecin d'user librement de leur Irou Ninjutsu afin de refermer la plupart de mes blessures. J'étais bien entendu conscient que je n'allais pas guérir en une ou deux semaines, il me faudrait peut-être un peu plus de temps pour m'adapter. Aujourd'hui j'avais encore des bandages qui entouraient ma taille plus quelques pansements sur le visage, à croire que j'avais vraiment dégusté. Je sentais encore ma peau brûlante bien que je me sentais déjà un peu mieux comparé au jour où j'ai affronté Meï. En y repensant, je me posais toujours la même question: Pourquoi ? En effet, pourquoi avait-elle fait preuve d'une telle clémence à mon égard ? Même innocenté j'avais essayé de la tuer en utilisant le pouvoir de Saiken. Ce n'était pas rien, peu de personnes seraient capable de cautionner de tels agissements. Mais elle, on aurait dit qu'elle avait fait comme si de rien était. Bien qu'il soit difficile d'effacer ce qui s'est passé dans ce combat où la nature s'était déchaînée, je pouvais lui être reconnaissant. Maintenant il était clair que j'avais une dette envers elle, envers le village pour m'avoir accordé une seconde chance. J'étais enfermé dans ma bulle, surplombant le quartier de la brigade d'élite de Kiri, lieu dans lequel je me trouvais avant de déserter. De nombreux souvenirs me revenaient, et aussi nombreux soit-ils, ils me procuraient un sentiment de réconfort, me réchauffant encore plus l'estomac. C'est sur ces pensées que je finis par décrocher un sourire amusé par l'ironie dont le destin pouvait faire preuve. Il était temps d'oublier les erreurs commises, de donner mon soutien au village auquel j'ai toujours été lié même en tant que déserteur. Au fond, je n'ai jamais pu le nier même si je n'avais pas vécu durant la "bonne" ère du village. Kiri a toujours eu quelque chose qui m'attirait outre les espaces aquatiques, c'est sa tranquillité sans pareille. Allons bon, je n'étais pas un Kirijin officiel mais j'attendais bien entendu le moment où l'on me demandera pour recevoir toute la paperasse ainsi que le plus important... Le bandeau frontal. Un chatouillement m'atteignit aussitôt à l'estomac, m'arrachant un bref sourire qui montrait ma satisfaction quant au fait que j'étais revenu au village. "Oui, c'est bon d'être chez-sois..."

Ordre de Passage:

J'allais enfin pouvoir goûter aux avantages d'être Kirijin. Enfin j'allais pouvoir redevenir celui que j'étais avant tout ça, avant le meurtre d'Harusame-senseï. Inutile de le nier, je m’étais infligé une punition à moi-même, et cette dernière était bien la culpabilité. Le fait d’avoir tué mon maître me procurait déjà un goût amer au fond de la gorge. Je ne pouvais pas le nier, le fait d’avoir intégré Kiri ne m’a pas fait cicatriser de la mort de celui qui m’a tout appris. Tout partant d’un affreux malentendu, une chose qui aurait pu être évité si je n’avais pas sombré instantanément dans la rancune et la colère. J’allais devoir vivre avec cela que je le veuille ou non, et le seul moyen de me racheter envers la mémoire de mon maître était de poursuivre son œuvre. J’allais à mon tour enseigner en sa mémoire, j’allais faire en sorte de transmettre ce qu’il m’a appris. J’allais devoir tout risquer pour ceux qui apprendront sous mon égide, même ma vie. C’est comme ça qu’il aurait voulu que je fasse je présume s’il avait encore été en vie. Je saurai reprendre le flambeau, même si la culpabilité me rongera au fil des années. Je supporterai les responsabilités qu’il du endosser à ma place, je me fixerai un nouveau but pour le village. Mon regard restait affaibli par les derniers jours mais je savais que ce dernier allait s’illuminer dans les prochaines minutes. Les événements qui allaient suivre allaient marquer un renouveau en moi, tourner la page allait être dur mais vivre avec le moment présent serait une chose qui me sera profitable, je l’espère. J’espérais très franchement que Saiken accepterait le fait que je n’ai pas refusé de me réintégrer à Kiri, après tout... Ils n’ont pas toujours été mielleux avec ce dernier, mais ça c’était du passé. La population avait sans doute changée, du moins c’est ce que je pensais....

«On arrive» Les paroles du démon en moi résonnèrent comme une sorte d’alarme, c’était le moment. Je baissais le regard vers une petite escouade de ninja de Kiri qui semblait vouloir m’apostropher. Claquant des doigts, je me suis laissé tomber dans le vide, atterrissant entre les shinobi qui étaient venus à ma rencontre. Précisant le fait qu’il était temps pour moi de changer de vie, je n’esquissais que l’un de mes rares sourires. De toute façon, ce sourire était justifié, avec n’importe qui j’aurai pu le faire apparaître. Je rangeai mon lanceur de bulles dans le revers de mon kimono, et puis j’ai emboîté le pas derrière ceux qui allaient devenir mes alliés prochainement. Je restais silencieux et eux aussi, personne ne parlait lorsque notre marche se fit dans les longs couloirs. J’avais posé ma main sur mon ventre où reposait le sceau de scellage de Saiken, il savait que je voulais avoir son avis sur les faits. Je ne voulais pas détériorer notre relation à cause de ma décision, mais notre but de base était de survivre... peut-être que si mes relations s’améliorent à Kiri, cela pourra convaincre le Bijû de servir le village comme moi. Je restais alors discret, faisant preuve d’un calme presque divin, nous finîmes par entrer dans une salle assez grande qui renfermait bon nombre de ninja de Kiri. Une sorte de gêne s’empara de moi devant toutes ces personnes qui par le passé tentèrent de me traquer. Mais je devais leur faire confiance en premier, c’était par là que commencerait une relation de confiance mutuelle. Ils étaient beaucoup et au fond j’aperçus la Terumi Meï, la femme contre que j’avais engagé un combat. Elle était prête à énoncer son discours, je tendis donc l’oreille, attentif.

Je buvais ses paroles, ses mots étaient imprégnés d’une grâce bluffante. Je ne m’attendais pas à ce que l’on me complimente sur mon sérieux, suivi de mon honnêté. Mais cela restait louable de la part de la jeune femme. Quelques regards se posèrent sur moi alors que je tentais de me faire discret. Je ne pouvais que ressentir un sentiment d’apaisement quant aux dires de la Mizukage dont les mots pouvaient apaisées la rancœur que nourrissaient les Kirijin à mon égard. En effet, ses paroles aussi réalistes soient-elles, ne pouvaient être contestées. Chacun pouvait réfléchir dessus et réaliser que mes actes ne se résumaient qu’à l’envie de survivre. Elle avait fait un travail surprenant sur le village, je ne m’attendais pas à de tels changements de personnalité depuis le règne de Yagura-sama. Elle avait étendue un voile de démocratie sur l’ensemble du village, cachant les villageois du crépuscul menaçant. Je ne pouvais que lui vouer un profond respect, et je ne devais pas être le seul à penser de la sorte. Elle avait transformé le village, elle était l’espoir que Kiri semblait avoir perdu auparavant.

Je ne pus cacher cette larme perler le long de ma joue, partant du seul oeil visible sur mon visage. Celle-ci roula jusqu’à tomber sur mon kimono, je me suis dépêché de porter le revers de ma main sur mon oeil et sur ma joue, séchant ainsi le passage de cette larme de joie. Je n’avais pas à cacher quoi que ce soit. Et c’est là qu’elle m’invita à la rejoindre à ses côtés. J’allais devoir parler, et même si je n’avais rien préparé... Les mots qui allaient sortir d’entre mes lèvres allaient être d’une propre sincérité. Je me suis frayé un chemin, les ninja me libérant facilement le passage. Certains souriaient, d’autre devaient encore avoir du mal à accepter la décision, mais cela n’était sûrement qu’une question de temps... Arrivant face à la Mizukage, cette dernière libéra un léger flux de chakra dans la boîte qu’elle tenait entre ses mains, cette dernière s’ouvrant aussitôt en me montrant ce qui allait faire de moi un Kirijin à part entière. Mais avant de me saisir de ce ticket vers une renouveau, je me suis tourné vers les ninja de Kiri dont les regards étaient portés sur moi & celle qui se tenait à mes côtés. Prenant une profonde inspiration, mon regard se renforça alors, et les mots se libérèrent d’eux mêmes.

«Quand j’ai rencontré mon maître, ce dernier m’a dit que j’étais comme le fils du village. Je pense que nous sommes tous comme ça... Des enfants de Kiri no Satõ. Vous et moi, frères, nous nous sommes faits du tort. Mais je pense que... qu’il faut cicatriser dés maintenant et débuter nos relations sur des bases solides. Loin de là et l’idée de m’attirer vos foudres, au contraire, je souhaite récupérer l’estime que vous aviez pour moi auparavant. Tendons nous la main, nos sommes de la même famille, nous sommes liés, nous sommes alliés par cela...» Ma main se dirigea vers la boîte que tenait la Mizukage, saisissant alors le bandeau frontal de la nation de la brume, je mis en évidence celui-ci. «Partageons le même but. Faisons perdurer le village caché de la brume car telle est notre priorité, nous nous laisserons personne s’attaquer village !» C’est alors que j’entendis, à la fin de ma phrase, un applaudissement discret venant au fond de la salle. Un ninja venait d’applaudir... un second, un troisième, une véritable réaction en chaîne à laquelle je ne pouvais m’attendre. Mon œil visible brilla sous l’apparition de quelques larmes de joies que je ne pus retenir. Je savais à présent que tout allait changer, je savais que j'étais pardonné... Je ne savais plus quoi ajouter pour remercier le peuple de Kiri, je ne savais pas quoi dire pour qu'ils croient encore plus en moi. Tout ce que j'avais à dire, c'était... «Merci... Merci à vous, Kiri...» Et après un bref silence de ma part alors que les applaudissements perdurèrent, une voix résonna en moi. Une fois qui redoubla les larmes de joie: «Bien joué Utakata.»

Cette joie qui m’envahissait une anticipation totale sur la possession totale de mon être. Je retournais chez moi, mon village natal. La vérité ayant éclatée, je n’avais plus aucunes raisons de fuir et je me devais de profiter de cette journée qui inaugurait ma rentrée au village. Et puis dans le fond, il n’y avait pas que pour moi que j’étais content, je pensais aussi à Hotaru et Ryūzetsu qui allaient enfin pouvoir avoir une vie paisible au sein d’une des grandes nations. C’était pour elles que je me réjouissaient le plus en fait, de part leur jeune âge je les aurai mal vu en train de vagabonder librement en dehors d’un village. Il leur fallait un foyer, un toit, des présences rassurantes, des liens. Je pouvais leur offrir tout cela, c’est pour ça que je suis retourné au village du clan Tsuchigumo pour prendre Ryūzetsu sous mon aile, lui assurant un renouveau pour elle, pour moi et pour Hotaru. Tout allait changer au final, mes élèves allaient enfin pouvoir vivre la vie qu’ils voulaient et ça... c’est grâce à cette femme, dont je regrette maintenant d’avoir attenté la vie. Sa façon de penser, son raisonnement, son jugement... Tout pour changer Kiri en une démocratie que nous ne pouvions pas contester. En voyant les ninja, je savais alors que ces derniers s’épanouissaient dans ce nouveau régime. Il était donc temps pour moi de prendre acte du changement, et au plus vite.

Sa phrase soutenant les applaudissements, je ne pus que me sentir d’avantage à l’aise. Je n’avais plus peur de risquer ma vie chaque jour, mes traqueurs étant devenu alors mes alliés. Je restais émus par les soutiens, par les multiples sourires qui m’étaient destinés. Je rendis un large sourire de remerciement envers la Mizukage, tournant ce regard vers l’ensemble des ninja, c’est à eux que je leur adressai ce remerciement. Meï prit les devants, calmant la foule rien qu’en levant les bras. Cela traduisait bien que ses subalternes lui vouaient un profond respect, ce que j’aurai à faire désormais. Sa tirade était imprégnée d’une détermination sans pareille, on ne pouvait que l’admirer dans sa façon de s’exprimer et d’agir. Quand je l’ai combattu, je peux à présent voir qu’elle ne combattait pas pour me tuer... Mais pour protéger ceux que j’aurai pu tuer. Un nœud se forma au niveau de mon estomac, la culpabilité se manifestait légèrement mais je devais me faire à l’idée que c’était du passé. Ma main se posant sur mon estomac, je baissai le regard vers celui-ci, devinant qu’il allait me parler: « Tu es un allié de Kiri désormais Utakata. Je respecte ton choix, après tout, nous bénéficions désormais d’une protection certaine. » C’est ce que je pensais... Saiken approuvait ma réintégration de par notre « but » commun: la survie.

Mais ce terme de survie allait devoir prendre un nouveau sens aujourd’hui. Je ne survivrai pas par tous les moyens qui me sont proposés. Je ne ferai pas faux bond à une escouade de Kirijin si la survie est à portée de main. Je ne fuirai pas mes nouveaux alliés. Je survivrai en restant un Kirijin fidèle et dévoué. Saiken pouvait le comprendre, cela fait 20 ans qu’il sommeille en moi, le seul choix que j’ai pris seul était d’accepter la proposition de réintégration au village... Et au moins il approuvait. Du moment que sa force ne tombait pas entre de mauvaises mains... il n’en avait rien à faire, il avait confiance en mes choix et c’était l’important. Mes pensées furent alors interrompues par la jeune femme qui m’invita à quitter la plateforme sur laquelle nous étions pour nous joindre à ce qui semblait être un festin des plus... fructueux. Hotaru & Ryūzetsu étaient aussi entre de bonnes mains je suppose... avec les personnes de leur tranche d’âge dans un autre bâtiment sûrement en train de bénéficier des mêmes traitements que moi. Je pouvais enfin avoir la conscience tranquille et profiter de ce qui nous était présenté comme étant le repas. J’humai discrètement l’odeur des plats qui sonna en moi comme une symphonie, un véritable plaisir s’ancra en moi avant même que je n’ai pu avaler quoi que ce soit.

La boisson fut aussitôt servie dans nos verres. Chose que je ne pus refuser, occasionnellement, le saké pouvait se révéler être quelque chose de très apprécié. Et c’est quelque chose auquel je n’ai pas goûté depuis bien longtemps alors autant ne pas me priver. Ma main saisie doucement le verre, le portant doucement à mes lèvres, un regard retint mon attention. Je n’ai pas bu directement, j’ai levé le verre discrètement vers cet homme qui me souriait. Tsurugi, qui leva à son tour le verre avant de boire son contenu, retournant auprès de son escouade qui profitait des festivités. Je fis de même, une douce et désagréable sensation me saisi la gorge. Sûrement le fait que je ne suis pas habitué à l’alcool... Mais je ne m’en plaindrai pas. C’est toujours un plaisir de profiter de ce que l’on a, surtout dans ces circonstances. Mon regard s’enlaça dans le sien, noisette opposant à l’émeraude. Sa question, je connaissais déjà la réponse. Et sans la lâcher du regard, je finis par ajouter: « Harusame-senseï aurait voulu que je transmette à mon tour ce que je sais. Grâce à vous, Tsuchigumo Hotaru & Hõzukijo Ryūzetsu peuvent devenir mes élèves. Je penserai à compléter l’équipe par un Genin. Mais outre cela, soyez certaine que je vous épaulerai pour ce qui est d’effacer toutes traces du règne de votre prédécesseur. Kiri est un nouveau monde grâce à vous. »

Que d’éloges à son égard, mais c’était amplement mérité pour le travail qu’elle avait fait sur le village. En effet, elle pourra désormais compter sur moi pour faire briller le village. Sur ces mots, je me suis saisis de mes couverts, entamant l’entrée doucement. Mon vice de la gourmandise ne devait pas se manifester, peut-être avec mes élèves au stand de ramens... mais pas là. Les bonnes manières devaient être de mise, et je me sentais capable de bien paraître, me montrer sincèrement sous mon meilleur jour. Je n’avais qu’un mot qui me trottait dans la tête depuis la fin de ce combat, un mot destiné au village caché de la brume: Merci.