Part One

« Je m’appel Sasuke. Uchiha Sasuke. J’appartenais autrefois au clan de l’éventail, l’une des appartenances les plus honorifiques dans mon village d’origine, la cité cachée de la Feuille, Konoha. Mon but est de rétablir l’honneur perdu de mon clan en tuant l’assassin de mes parents et de ceux portant le nom Uchiha. Cet homme n’est autre que mon frère, le fils ainé de mes parents, Itachi Uchiha. »

Voilà ce que je me répétais tout les jours, face au petit miroir de ma sale de bain, lorsque j’étais dans le repère d’Orochimaru. Une sentence que j’évoquais à voix haute, comme pour ne jamais oublier qui j’étais, pour ne jamais perdre de vue mes objectifs. Captif volontaire du Sannin, je n’avais nullement l’intention de me lancer engloutir. Je me rappel de ces jours comme-ci c’était hier, même si cela ne fait que quelques mois, comme si parfois j’allais me réveiller au même endroit où j’avais passé trois années de ma vie. Comme si je n’avais pas encore mis un trait définitif à toute cette histoire. Je me levais, comme à mon habitude, pour démarrer l’entrainement du Sannin. Mes yeux se rivaient sur l’homme que j’étais devenu, me dévisageant moi-même dans le miroir. À moitié nue, regardant ce reflet qui ne semblait me renvoyer l’image d’un inconnu. En réalité, pas si inconnu. Plus je me regardais dans ce miroir, plus j’y voyais les traits de mon père, de ma mère.

J’avais hérité des traits fins de ma défunte mère, un visage bien droit et pâle. Je me souviens de cette femme comme si je l’avais croisé sur le chemin pour venir dans cette pièce, comme si elle était toujours présente à mes côtés. Ses longs cheveux ébène dans lesquels j’avais l’habitude de cacher mon visage, me réconfortant avec son doux parfum. Une silhouette toujours accueillante, un visage rayonnant en me voyant arriver, son sourire. J’ai tant de fois imaginé son visage, tant de fois remémoré sa voix m’appelant par mon prénom. Comme pour ne pas l’oublier, garder une trace indélébile de celle qu’elle fut. Je ne garde étrangement que de bons souvenirs d’elle. Je n’ai pas le souvenir qu’elle m’est un jour grondé ou corrigé comme n’importe quelle mère le ferait avec son garnement. Non, je crois et j’en suis même sûr, je ne l’ai jamais vu se mettre en colère. Pourtant, j’avais eu vent de ses exploits lorsqu’elle était alors une jeune Juunin, avant de se marier. Elle semblait être aussi guerrière que n’importe quelle kunoïchi digne de ce nom. Mais moi, je gardais toujours à l’esprit l’image d’une femme extraordinaire, toujours aimable, aux petits soins pour ses enfants et son mari.

Je ne peux évoquer ma mère sans repenser à mon père. Notre relation était assez complexe, je ne l’ai jamais vraiment compris. J’ai parfois ressenti de la colère pour lui, du mépris même. Mon père me semblait obnubilé par Itachi et ses incroyables compétences. Que ce soit à table, lors de nos réunions de famille ou lors d’une simple balade à ses côtés, il n’avait que son prénom en bouche. « Fais comme Itachi, Regarde Itachi, Itachi faisait comme-ci, Itachi ne faisait pas comme-ça ». Si bien qu’une once de jalousie avait germé dans mon cœur. J’aurai sans doute préféré qu’il me donne un peu plus d’attention, que parmi quelques « Itachi », un « Sasuke » se serait glissé. Mais rien de tout cela. Mon père, en contraste avec ma mère, était froid, distant, peu enclin à sourire et à s’ouvrir aux autres. Dans mes yeux, j’ai parfois l’impression de revoir son regard. Un regard me jugeant constamment, jugeant les autres. Ma mère faisait bien souvent la jonction entre le fleuve qui semblait me séparer de mon père. Elle essayait de me rassurer, me rappelant que mon père ne parlait que de moi lorsqu’ils étaient seuls et qu’ils ne montraient jamais ses sentiments et sa fierté devant moi.

Le seul instant où j’ai pu sentir de la fierté dans son regard, c’est bien la première fois où j’ai réussi à faire la technique fétiche de notre clan : Le Gokakyû No Jutsu. Ce puissant Katon était en quelque sorte le second emblème de notre clan, après l’éventail. Chaque membre du clan obtenait un vrai statut lorsqu’ils arrivaient à exécuter cette technique. Et lorsque mon père eu ses mots : « Tu es bien mon fils », les larmes me montèrent presque assez pour être voyantes. J’avais atteint quelque chose ce jour là. Non, ce n’était pas le statut de membre du clan. J’avais réussit à atteindre mon père, un véritable lien s’était installé dans nos yeux. Une fierté commune.

Je n’oublierai jamais cet instant, comme gravé dans ma mémoire. Mon père était un sacré bonhomme. J’aurai voulu le connaître plus, partir un jour en mission à ses côtés, découvrir l’homme sur le terrain. Il était d’ailleurs toujours sur le terrain. Que ce soit pour effectuer des missions pour le compte de l’Hokage ou que ce soit pour jouer son rôle de police de Konoha. C’est peut être aussi pour cela que j’ai plus de mal à décrire mon père. Je le vois comme absent, éternel manque dans une famille presque parfaite. En y regardant bien, j’ai hérité de ses traits tout autant que ma mère. J’aurai aimé qu’il puisse voir à quel point j’ai grandi, à quel point je suis devenu fort. Seraient-ils fier de moi en apprenant que je cherche à tout prix à les venger ? Fier de ce que je deviens ? Fier des sacrifices que j’endure pour eux ? Parfois je me pose la question, parfois je doute. Parfois, je regrette tout simplement qu’ils ne soient pas là pour me le dire ouvertement. Qu’importe leur jugement, je n’aurai pas la chance de pouvoir l’entendre …

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© Sasuke Uchiha

Part Two

« Ne t'en fais pas, Sasuke. Ton grand frère te protégera toujours, qu'importe ce qui peut arriver... »

Le reflet de l’eau m’offre parfois de bien sombre cauchemars. Plongé dans mes pensées, dévisageant une nouvelle fois celui que je suis à présent, je ne peux me regarder sans penser ne serait-ce qu’un instant à Itachi. Autrefois, j’aurai remué ciel et terre pour ne pouvoir qu’un seul instant te ressembler. Aujourd’hui, la peur de devenir ce que tu es m’envahit un peu plus chaque jour. Je ressens même du dégoût de ma propre personne, j’en viens à haïr notre parenté. Ce lien si étroit que nous avons est probablement celui qui me fait souffrir le plus. Ce n’est pas la mort de mes parents ou leur absence qui me tord et me détruit les entrailles. Non, c’est plutôt de me rappeler la cause de ce manque. Toi, moi frère, qui n’est autre que le bourreau qui les a condamnés à mort, les tuant de sang froid. C’est de me dire que tu as été capable de pire à cet instant, toi qui était le meilleur d’entre nous. Toi qui représentais la justesse, la droiture et le sens du devoir. L’incarnation même de l’élite des Shinobi. Toi qui faisais ma fierté avant tout autre chose.

D’ailleurs, qui n’aurait pas été fier à l’époque d’être le faire du grand Itachi ? Un monstre de puissance, de savoirs et d’expériences. Un être à la fois supérieur et humble. À de nombreuses reprises, je t’aurai imaginé gérer le village de la feuille, devenir le nouvel Hokage, inscrire ton visage dans les mémoires à côté du Sandaime et du Yondaime. Tu étais l’élite alors même que les enfants de ton âge sortaient à peine de l’académie, tu étais Juunin avant même qu’ils soient Genin et tu fis même partie de la Racine. Je ne pouvais que t’admirer, que te jalouser aussi, d’être le pilier d’une famille, d’un clan. Est-ce que père s’est rendu compte à quel point tu lui étais supérieur, et ce, dès ton plus jeune âge ? Pensait-il sérieusement avoir encore une quelconque influence sur tes décisions ? N’importe quel crétin aurait pu se montrer arrogant ou prétentieux. Mais pas toi. Tu as toujours été respectueux envers ton père, ta mère et ton clan. Quand bien même tu aurais pu les dompter sans aucun effort.

Non, toi, tu as toujours préféré la discrétion et la simplicité. Tu as toujours été admirable de par tes qualités. Certes, tu pouvais avoir tes défauts, mais je ne t’ai jamais vu te mettre réellement en colère. À part cette fois là, où les membres du clan t’ont accusé d’avoir tué Shisui. Ce jour là, j’ai pu voir derrière la façade que tu t’étais construite, j’ai pu voir la véritable force qui sommeillait en toi, mais j’ai également vu un homme blessé, j’ai ressentit la colère dans tes yeux. Qu’importe, tu étais le héros et moi, j’étais le bon suiveur, celui qui restait dans tes jambes, qui courraient pour te rattraper sans jamais vraiment y arriver. Je n’avais pas la même trempe que toi, très clairement. Tu me disais souvent que j’étais doué. Mais le gouffre entre tes capacités et les miennes au même âge était bien là. Tu t’es occupé de mon éducation et de mon apprentissage bien plus que notre père. Même si tes absences répétitives étaient bien là, le peu de temps où nous étions ensemble était un laps totalement hors du temps.

Depuis mon plus jeune âge, tu as veillé sur moi. Tu as toujours eu le même regard protecteur que notre mère, veillant sur mes faits et gestes. Tu m’as appris les rudiments pour devenir un bon Shinobi, tu m’as enseigné le courage et l’effort lors de nos entrainements. Dans le fond, ce sont ces moments là que j’aimerai garder de toi. Car l’homme que tu es devenu aujourd’hui n’est plus celui qui était comme un père pour moi. Car oui, tu avais pris ce rôle là et cela t’allait à la perfection. Tu ne m’as jamais laissé de côté, même si parfois, tu me sortais la rengaine habituelle « Pas maintenant, Sasuke. ». Tu as toujours su trouver les instants pour me donner un peu de ton temps. Je souris rien que de penser à ces instants, comme l’on penserait à un proche décédé.  Car pour moi, tu as disparu au même moment que mes parents. Celui que je chasse aujourd’hui, ce n’est plus qu’un fantôme dans une cape noire et rouge.

Je me souviens parfaitement du changement d’attitude que tu as eu, peu de temps avant la mort de tout le clan. Tous t’accusaient d’avoir trahit le clan, tous te prenaient pour le meurtrier de Shuisui. Tu as commencé  à prendre tes distances, petit à petit. Tu passais à côté de notre père sans même lui adresser un regard, il t’arrivait de m’ignorer totalement. Tu es devenu de plus en plus froid, de plus en plus arrogant. Et ni mère, ni personne n’aurait pu te résonner à ce moment là. C’est à ce moment là que j’ai pu voir pour la première fois les pupilles du Mangekyou Sharingan, sans même savoir ce que cela pouvait bien signifier. Tes yeux avaient changés, ton cœur aussi. Tu n’étais plus le grand frère que j’avais connu. La pression montée et l’étau se refermait doucement sur toi sans que je m’en rende compte. Les autres étaient persuadés que tu avais fais cela, que tu avais tué ton meilleur ami. As-tu pris les armes dans le but de le libérer de cet entrave à tes pouvoirs ?

Jusqu’à ce soir fatidique. Le soir où tout bascula pour toi, comme pour moi. Je ne me remémorerais pas cet instant, je l’ai bien trop ressassé et tu me la suffisamment fais voir, plongé dans le Genjutsu de Tsukyomi. Tu es passé à l’action ce soir là et tout à changé. La haine a petit à petit grandit en moi depuis ce jour. On ne haït jamais tant quelqu’un qu’on a tant aimé. Tu as failli à ta promesse, tu m’as épargné dans l’unique but de tester tes propres capacités, ayant décelé du potentiel chez moi. Tu m’as laissé orphelin, sans aucune autre porte de secours. Je suis resté sur le plancher, me réveillant au sol, seul. Cette tragédie, je n’ai jamais pu l’effacer de ma mémoire ne serait-ce qu’un seul instant.

Plus on aime quelqu’un, plus on en est déçu au final. Plus on s’attache, plus le manque s’installe. Plus on aime, plus on déteste une fois la chute faite. La haine est le sentiment le plus proche de l’amour et je suis certainement le mieux placé pour en parler. Ces souvenirs d’années ivres de joie et de bonheur ont généré en moi une soif de vengeance inégalable. C’est ce manque qui m’a rendu petit à petit de plus en plus dangereux et de plus en plus cruel. Plus j’avance, plus l’amertume m’envahit. Plus je découvre les secrets de mon clan, plus ma vision de ce monde noircit. Je découvre petit à petit les raisons de la colère, les raisons véritable d’Itachi … Mais ça, c’est une autre story.


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© Sasuke Uchiha