Wataru venait de rentrer après une journée de boulot. Le père n’était pas là mais elle s’était attendue à voir Shî lui sauter dessus, comme d’habitude. Sauf que la maison ne laissait échapper aucun bruit… Elle laissa alors tomber son sac dans l’entrée, retirant ses chaussures à l’aide de ses talons, et s’avança dans la maison.

- Je suis rentrée ! Ehoh… ? Shî ?

Personne. Un soupire s’échappa alors de ses lèvres et elle se rendit dans la cuisine, ne voyant aucune trace de goûter sur la table. Il n’était pas rentré… ? Wataru posa son regard vert sur la fenêtre menant au jardin : personne non plus. Bon… Alors il n’était pas rentré. Tant pis. L’esprit un peu fatigué par toutes les opérations qu’elle avait fait dans la journée, elle ouvrit quelques placards pour en sortir des ingrédients et récipients de cuisine et elle étala le tout sur la table pour commencer à préparer le diner de ce soir. Elle éplucha de nombreux légumes, qu’elle savait devoir camoufler sous une tonne de viande si elle voulait que Shî en mange, coupa et hacha tout ce qu’il faut avant de mettre le tout au frigo. Ça serait prêt pour ce soir, il ne manquerait plus qu’à tout faire réchauffer. Un nouveau petit coup d’œil sur la porte d’entrée lui rappela que Shî n’était toujours pas rentré et elle se mit à soupirer. Une fois de plus elle allait devoir aller le chercher. Elle savait déjà où il était. Peut-être qu’il était avec ses compagnons, peut-être pas, mais lieu était sûr et certain. S’il n’était pas au terrain d’entrainement c’est qu’il s’était fait kidnapper. Ce débile voulait tellement ressembler à leur père…

Wataru se rendit donc dans l’entrée pour remettre ses chaussures et sortit de chez elle en fermant la porte à clé. Puis c’est tranquillement qu’elle s’engagea sur le chemin de la dispute. A chaque fois qu’elle l’interrompait dans ses entrainements ils se prenaient la tête. Shî voulait rester, s’entraîner encore, plus durement, pour ressembler à leur connard de père, et finalement Wataru finissait par céder et se mettait dans un coin le temps qu’il termine. A chaque fois qu’elle y allait elle se disait que cette fois serait la bonne, qu’il allait l’écouter, mais… Non. Elle craquait toujours devant la bouille adorable de son petit frère. Terrible petite vermine… Elle joua alors nerveusement avec ses mains, triturant ses ongles en se demandant ce que sa mère aurait fait dans ce cas-là. Un long frisson lui parcouru la nuque lorsqu’elle se souvint de ce qu’elle avait fait pour cette dernière, alors qu’elle était déjà morte, et elle secoua la tête comme pour effacer cette pensée. Personne n’était au courant de ce lourd secret qui date d’une bonne dizaine d’années à part leur père et il fallait que ça reste ainsi. Que risquait-elle si les autorités de Kumo apprenaient qu’elle avait terminé un des travails de son espionne de mère ?

Soufflant longuement, Wataru se surprit à être déjà arrivée au terrain d’entrainement. Et effectivement Shî était bien ici. Elle l’observa un moment, en silence, ayant l’impression de voir leur père à la place du gamin de douze ans. Ses poings s’étaient serrés automatiquement, ses ongles s’enfonçant dans sa paume sans qu’elle n’y prête la moindre attention. Un jour, il faudrait qu’elle lui raconte… Qu’elle lui explique… Et qu’elle lui avoue son secret. Il ne dirait rien, elle avait confiance en son petit frère et si jamais il s’avérait qu’il était aussi pourri que leur père, alors elle n’aurait plus qu’à se suicider car ce n’était pas faute d’avoir essayé de lui inculquer des valeurs auxquelles elle tenait. Prenant une grande inspiration, elle desserra ses poings et se mit à sourire. Maman aurait été fière de le voir grandir comme ça et se donner à fond pour ce en quoi il croyait, même si la politique de Kumo n’avait rien à voir avec celle du village qu’elle protégeait. Elle répétait souvent que l’important n’est pas le fait de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre mais simplement de croire en ses actions. De croire en ses engagements. De faire toujours à fond tout ce qu’on entreprend. Et Wataru appliquait ce mode de vie chaque jour. Finalement elle prit une nouvelle grande inspiration mais cette fois ce fut pour gueule à plein poumon.

- Shî ! S. Sõn Kudõ !  T’as trente secondes pour venir ici avant que je vienne te chercher par la peau du cul ! T’es pas rentré aujourd’hui, le linge n’est pas étendu et la vaisselle n’est pas faite. Tu veux que je te tues ?!

C’est bien le rôle d’une grande sœur d’être chiante non ? Il avait des corvées à faire et elle savait que l’entraînement passait avant tout mais elle ne pouvait se permettre de le laisser penser qu’elle était trop laxiste. Après tout il n’a que douze ans, si elle commence à lui montrer qu’elle dit amen à tout et qu’il peut faire ce qu’il veut sans jamais être réprimandée, ça sera une horreur pendant sa crise d’adolescence.

J'étais au centre du terrain d'entrainement depuis déjà quelques heures. Je savais que le choix d'être resté à cet endroit était appuyé par Yoruichi-senseï qui m'encourageait sur la voie de la progression. Mais je risquais surtout d'entendre celle d'Onee-chan qui allait sûrement me pulvériser... Je n'avais fais aucunes des corvées que j'avais promis de faire. Encore une fois j'allais passer à côté d'une promesse faite et le rapport de confiance serait fragiliser. Mais dans mon code de moral, le progrès ne pouvait pas attendre. A travers ce précepte je me voyais égoïste mais je voulais devenir toujours plus compétent pour avoir la force de protéger ceux qui me sont chers. C'était un mal pour un bien mais le monde ninja n'aura de cesse de faire manifester des évènements pouvant refléter la mort, c'est une chose que Yoruichi-senseï a pensé à nous dire à notre première rencontre. Ce pourquoi elle voulait nous rendre plus fort afin de protéger les valeurs et personnes qui sont susceptibles d'être précieux à nos yeux. C'est comme ça que je voyais le progrès, il n'y avait donc pas de raison d'être avide de pouvoir. Enfin peut-être que j'exagérais trop la chose.. de mes 12 ans je pouvais vivre de rêves et me permettre de les vivre en poussant mon seuil de tolérance. Mais si cela va jusqu'à rompre une promesse faite à une grande sœur.. On risque la castration.

Les jambes fléchies, les poings légèrement relevés, mon dos se courba que peu en avant. Je maintenais ma position alors que j'avais décidé de passer au stade supérieur du Raiton no Yoroï. Du moins tenter d'atteindre le niveau deux, mais cela allait être compliqué.. Je ne connais qu'Õttosan & Usunoro-sama qui avaient le stade deux de l'armure de foudre. Mais en tant qu'héritier de celui qu'on retient comme un véritable guerrier exemplaire.. Je me dois d'atteindre ce stade. Je chargeais mon chakra tandis que ce dernier commença à émaner lentement de mon corps pour m'envelopper. Il bougeait lentement selon la force du vent qui se faisait assez douce. Mais je savais que d'une seconde à l'autre, tout allait commencer à être perturbé. Des arcs électriques commencèrent à faire leur apparition autour de moi alors que la force du vent se fit plus importante et ce, de façon crescendo. Je finis par croiser mes deux avants bras alors que le sol se fractura sous une telle pression de chakra. Mes cheveux s'élevaient en l'air alors qu'en décroisant brutalement les bras une explosion statique naquit. Voilà que je passais en Raiton no  Yoroi, première version. J'avais poussé un cri d'effort quand j'ai passé le premier stade.. Et là j'ai serré les dents tout en serrant d'avantage mes poings.

Il fallait que je me concentre, et faire affluer d'avantage de chakra Raiton dans mes terminaisons nerveuses afin de pouvoir passer au stade deux. Je grognais à la fois de douleur mais aussi de rage. Je devais réussir à concentrer toute mon énergie dans mon système nerveux, il y avait des risques je savais mais même si j'échouais ça serait de la défaite que j'apprendrais à m'améliorer. Je suis sûr qu'Õttosan n'a jamais eu que des victoires dans la vie. Il a forcément eu des déceptions qui ont forgé l'homme qu'il était aujourd'hui ! Il y avait un moment où nous devions faire nos preuves et cesser de faire des erreurs, et un moment pour l'apprentissage. Et puis d'un coup à travers cette masse d'énergie une voix parvint à mes oreilles. Une surprise ? Boarf pas tellement... J'avais déjà peur de ce que j'allais devenir à tel point que mon armure de foudre s'estompa et mes cheveux blonds reprirent leur forme et couleur d'origine (noir enfin Goku quoi 8D). Tombant sur les fesses, je voyais qu'elle n'était pas loin de moi. A quelques mètres, elle avait l'air énervée si j'en croyais ses paroles. Reculant tout en restant sur les fesses, je mis une main devant moi en la secouant:

« Õ..Õnee-chan ! Me tapes pas, je vais t'expliquer je t'assure ! C'est Yoruichi-senseï qui m'a conseillé de rester m'entrainer je te jure ! »

Cette petite boule de nerfs qui s'agitait et reculait devant elle, devant sa voix, elle aurait pu l'étreindre et ne plus jamais la lâcher. Wataru ne put s'en empêcher mais un léger sourire s'installa sur ses lèvres alors que Shî essayait de se justifier. La jeune femme ne doutait pas du respect que son frère avait pour elle mais elle adorait lui foutre les jetons. Sa petite bouille ronde avait le don de lui remonter le moral même dans les pires moments. Approchant en croisant les bras sur sa poitrine, la jeune femme haussa un sourcil pour poursuivre son rôle de grande soeur casse pied.

- Ah oui ? Et Yoruichi t'a aussi dit de ne pas rentrer à l'heure pour le dîner ? De manquer de respect au repas que ta soeur t'a préparé ? De manger froid ?! Hé, toi...

Approchant de son petit frère qui était toujours sur les fesses, Wataru s'accroupit en face de lui et posa son index sur le front du petit garçon.

Tu veux mourir ?!

Plissant les yeux, elle le défia du regard pendant quelques secondes puis finalement poussa son front du doigt. Elle se redressa ensuite d'un coup, le regardant de nouveau avec une petite moue. Puis elle lui tendit la main... Elle le releva mais au lieu de partir, comme elle le faisait d'habitude, ses yeux se perdirent sur les traits du gamin. Il ressemble tellement à papa... Le coeur de Wataru se serra et elle sentit une boule se former dans son ventre. Ses pensées s'envolèrent vers leur mère alors que son regard se porta sur l'horizon, fixant un point inexistant. Il lui arrivait souvent de revoir des moments de son enfance défiler devant ses yeux, mais ça n'était encore jamais arrivé devant Shî. Elle essayait de laisser la nostalgie de côté lorsque son petit frère était là, histoire de pas avoir à trop lui donner d'explications. Ce petit monstre... Il est tellement en admiration devant leur père que Wataru aurait du mal à rester objective. Enfin... C'est pas comme si elle avait à empirer l'histoire pour qu'il passe pour un salop. Mais elle doutait tout savoir de cette affaire. Elle était trop petite après tout... Néanmoins, les faits étaient là. Il avait abandonné maman et aujourd'hui Wataru passait son temps à jouer la mère de substitution à son petit frère sans s'autoriser une vie qu'elle devrait avoir à son âge, tout ça parce que leur irresponsable de père préférait fuir que de s'occuper de son gamin. Oui, "son" gamin. Déjà, Wataru ne s'estimait pas être sa fille. Ca fait longtemps qu'elle l'a renié totalement. Ensuite, de toute façon elle n'a plus besoin de personne pour s'occuper d'elle. En tant que médecin et travaillant à l'hôpital, elle gagnerait largement de quoi payer son propre logement et ses dépenses du mois sans celui qu'envoie leur père. D'ailleurs, l'argent qu'il envoie ne sert qu'à Shî. Les coûts des courses de nourriture, de chauffage et d'eau sont mis en commun bien sûr, mais de toute façon c'est ce qu'utiliserait Shî tout seul. Donc ça revenait au même. Tout ce qui concerne les extras, tous les vêtements que Wataru s'achète, les armes, les tatouages, toutes les petites décorations intérieures devant lesquelles elle craque comme une vrai vieille mère de famille, tout ça elle le dépense avec son propre argent. Autant dire que quand elle partira de la maison, celle-ci semblera bien vide... Un faible soupire s'échappa de la gorge de Wataru qui rabaissa son regard sur son petit frère et lui ébouriffa les cheveux.

Rentrons, tu veux ?