Cela faisait plusieurs mois que j'habitais avec Roshi dans des montagnes loin d'Iwa. La vie ici n'était pas la même que dans le village. Effectivement, pour manger, il fallait chasser, chose qui n'était pas simple, loin de là. De plus, ce n'était pas si simple de dormir lorsqu'on sait qu'autour de nous, de nombreuses bêtes peuvent surgir, aussi grandes que petites. Roshi, lui, n'avait pas l'air d'être trop embêté par cela. Le Jinchuuriki de Yonbi était habitué à vivre de cette manière, et je commençais à m'adapter aussi. En ce moment, il faisait plutôt chaud, et ce climat ne me dérangeait pas trop. De toute façon, je ne devais pas m'en soucier. Ma seule préoccupation était Gobi. Je commençais à réellement prendre confiance de la souffrance de mon démon. Je savais ce qu'il ressentait. Et cela me faisait mal. Roshi me l'avait déjà expliqué, que les Bijuus détestaient les humains et qu'il était très difficile pour nous d'obtenir leur confiance.

-Han, il serait temps de lui parler.

Tels étaient les mots de Roshi, en ce jour ensoleillé. Cet ermite était devenu quelqu'un de très proche pour moi, et je me confiais beaucoup à lui, étant donné que nous avions connu les mêmes souffrances. Il pensait que je devais parler à Gobi. Est-ce que c'était le bon moment ? Je ne le savais pas. Je me leva et alla marcher un peu, du côté de la petite rivière qui se trouvait à quelques centaines de mètres. Tout en marchant, j'observais le ciel, et repensait à mon Bijuu. Je commençais à comprendre ce qu'il ressentait réellement. Je savais qu'il était dur aussi de lui prouver ma valeur. Lentement, je m'assis sur un rocher et contempla la rivière qui se trouvait devant moi. Je ferma les yeux.

-Te voici donc là...Tu souhaites me dire quelque chose ?

Je me retrouvais à l'intérieur de moi-même. C'était assez étrange. Devant moi, une sorte d'énorme prison, suffisante pour y abriter Gobi. Et le démon était devant moi. Il me regardait d'un air calme. Ce qui était assez rare, puisque d'habitude, il semble toujours haineux et énervé. Intrigué, je m'avança vers lui. Je me retena de rigoler. Sa voix était en effet assez étrange. Elle avait un côté légèrement féminin, et faisait de l'écho. Mais je devais garder mon sérieux. Ce n'était pas le moment de se marrer, surtout dans une telle situation. Je regarda le Bijuu à cinq queues et m'assis devant la cage l'abritant. Je ferma les yeux, prit un grand souffle et me lâcha.

-Oui. Je pense que tu as du remarquer que depuis que tu es en moi, les villageois d'Iwa me détestent. Ils me méprisent. Je n'avais jamais connu cela. Je souffre tellement, tu ne peux pas savoir à quel point. Mais je pense que toi aussi, tu dois souffrir. Et c'est sûrement la raison pour laquelle tu détestes les humains.

Tout en parlant, les larmes commençaient à monter. Je me retenais de pleurer. J'étais en train de trembler, de serrer des poings. Et alors, je repensais à ce soir, ce maudit soir. J'avais encore en tête les images de ma mère qui s'était sacrifiée pour le village. Je repensais ensuite aux habitants qui me méprisaient, qui me rejetaient. Et soudain, j'entendis Gobi parler.

-Bon écoute, j'ai bien réfléchi...Comme moi, tu as l'air de souffrir. Désormais, nous serons alliés. Tu utiliseras mon chakra dés que tu en auras besoin, Han.

Et à ce moment-là, c'était étrange mais je voulais rire. La voix de Gobi était beaucoup trop "ridicule". Tout en pleurant, je me mis à sourire discrètement, ce qui m'aida aussi un peu à évacuer cette tristesse engendrée. Après avoir écouté les paroles du Bijuu, je réfléchis l'instant de deux minutes. Je me calmais aussi, les larmes séchèrent. Et je repris la parole.

-Hmm...Tu m'appelles carrément par mon prénom, maintenant. Ecoute Gobi, je suis conscient du mal qui t'es infligé, et je te promet de faire en sorte que tu ailles mieux.

J'étais tout heureux de ce que venait de me dire Gobi. Je ne réalisais pas encore qu'il allait désormais porter sa confiance en moi, qu'il allait me prêter son chakra lorsque j'en aurais besoin. Je me mis alors à sourire. C'était un vrai sourire, qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Et surtout, ce "désormais, nous serons alliés" m'avait carrément ému. Je me sentais désormais plus soulagé.

-La ferme, sale humain, ne te méprends pas !....Appelle-moi Kokuo, au fait.

Kokuo, c'était donc son véritable nom. Je me souviens que Roshi m'avait dit que tous les Bijuus avaient chacun un autre nom, qui était leur véritable nom. Et lorsqu'un Bijuu nous révélait son véritable nom, cela signifiait réellement qu'il nous faisait confiance, qu'il était notre allié. Et c'était désormais ce qui se passait avec Gobi. Que dis-je, avec Kokuo. Nous nous regardions dans les yeux. Je me mis alors à genoux, en signe de remerciement, mais pas seulement. En signe de respect, aussi. Le Bijuu me regarda et sembla esquisser un léger sourire. Cependant, je ne pu m'empêcher d'éclater de rire, en repensant à sa voix. Elle était tellement particulière qu'elle m'empêchait de rester sérieux. En me voyant rigoler, Kokuo fut d'un côté énervé et vexé, mais d'un autre, il sembla être content que je rigole. Effectivement, je n'avais pas rigolé depuis longtemps, non plus. Je finis par reprendre mon sérieux. Je rouvris réellement les yeux, ne me retrouvant désormais plus dans mon inconscient. Je me leva et marcha un peu. J'allais alors rejoindre Roshi, qui était allongé au dos d'un arbre. Je lui souris, il comprit alors tout ce qui s'était passé.

-Je suis content pour toi.

Tels étaient les mots du Jinchuuriki de Yonbi qui semblait fatigué après un énième entraînement. Je m'assis aux côtés de mon entraîneur. Je referma les yeux et me retrouva dans mon inconscient, aux côtés d'un Kokuo qui était désormais devenu mon allié. Je m'approcha de lui et lui tendis la main. Après un long instant d'intense réflexion, il rapprocha doucement sa tête. Je posa alors ma main sur son crâne, sentant cette peau si spéciale. Je le regarda intensément dans les yeux. Nous étions alliés. Nous étions amis. Ensemble, notre force était phénoménale. Grâce à lui, j'allais pouvoir devenir désormais bien plus puissant qu'avant. Une grande relation s'était formée entre moi et lui. Je lui avais prouvé ma valeur. Je lui avais prouvé que, même si j'étais un humain, j'étais quelqu'un en qui il pouvait placer sa confiance. Je posa ma main sur mon abdomen, et scruta le ciel. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi heureux. Des années. Je ferma les yeux, et m'endormis.