L'attaque sur Kirigakure

Feat : ✘ Meï Terumi ✘ Misatachi Kuragari ✘Utakata

Tout le monde venait de se réveiller en cette heure assez matinale de la journée. Tout le monde… Ou presque. Un déchet humain dormait toujours – ou comatait, au choix – au coin d’une ruelle, grognant un coup, grommelant une autre fois. Bouteille en main, c’est d’un geste brusque et endormi que celle-ci vint créer un fracas digne des plus grands grognements du Cerbère, et ce, contre un mur. C’est d’un bout de verre lui griffant la joue que le Golem qu’il était sortit de sa torpeur… Sans aucune grâce apparente. Un vrai cadavre refoulant d’innombrables effluves et odeurs alcoolisées. Dans son esprit étroit se profilaient de nombreux plans et dessins qui régiraient sa journée, mais bon, il fallait croire que rien n’allait se passer comme il le souhaitait. Ça lui arrivait un peu trop souvent ces derniers temps, il trouvait ça pénible. Pauvre Kuro.

Se dirigeant en direction de la lumière présente au loin de cette ruelle lugubre, il entendit plusieurs explosions lorsque des flammes atteignirent des proportions démesurées… Dépassant même les habitations derrières lesquelles se trouvaient l’homme en Or. Sa marche se pressa un peu et il finit par voir… Un mastodonte. Un énorme panda avec un gros bâton qui fracassait des maisons, happant quelques civils au passage. Soudain, une pléthore d’hirondelles bleutées passa juste devant lui, mettant à terre bon nombre de gardes. Se rappelant vaguement de ce qu’il avait pu apercevoir dans les dossiers des Nukenins de Kiri, le Géant fit rapidement le rapprochement entre les hirondelles, les mort un certain prénommé Sasaki Aoki, reconnu pour son art ultime du Hyôton dans tout le pays… Voire même le monde. De qui était-il accompagné ? L’ANBU n’en savait strictement rien. Si ce n’est qu’il allait vite subir s’il se faisait repérer. Quelques instants plus tard, un gros bruit de pas unifié retentit et passa rapidement devant lui. L’armée de Kiri était donc déjà au qui-vive… Parfait. Il se glissa dans la cohue, et décida d’aider à attaquer lorsqu’un senseur resté au loin, caché lui transmis ce qu’il fallait par télépathie.

« Misatachi-dono, allez vite chercher Mizukage-sama ! Il faut la prévenir, nous avons besoin de son aide ! »

L’interpellé sortit rapidement du groupe et passa par les petites ruelles, hallucinant toujours ce qui était en train de passer. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait avoir à faire à un tel évènement, après tout. Il fallait tout de même se dépêcher pour aller vite chercher sa muse ; Kuragari positionna donc ergonomiquement son kimono rose, son haori et sa côte grise afin de courir sans risquer de tomber. Mais le malheureux avait perdu sa bouteille de saké si aimée dans toutes ces précipitations… Il allait devenir un vrai barbare quand le manque se ferait ressentir. Pauvres déserteurs… même s’ils n’avaient qu’à pas venir causer tant de grabuge.

Quelques minutes plus tard, le voilà enfin arrivé devant la haute et prestigieuse tour de la Terumi. Les gardes étaient réticents quant à le laisser passer en le voyant au loin, mais en voyant l’air énervé qu’il avait ainsi que la détermination présent au fond de ses yeux… Ce n’était pas bon. Rares étaient les moments où il se comportait comme ça, le Kuro. Grimpant les escaliers quatre à quatre, il manqua de se casser la figure plusieurs fois, et même devant la porte des bureaux tant attendus. Les gardes, encore une fois, lui bloquèrent l’entrée lorsque le Golem d’Eau se mit à les charger, il n’avait pas de temps à perdre. Ils finirent alors par le laisser passer lorsque des cris se firent entendre au loin. Ce n’était vraiment pas bon.

« Pas l’temps pour les formalités, faut s’bouger l’cul. Un gars d’l’armée a d’mandé à c’que j’vienne vous chercher, y’a trois gros Nukenin qui sont en train de tout putain d’péter le village. Donc ramenez-vous, rapidement ! Y’en a qui s’appelle Sasaki Aoki, l’monstre au Hyôton putainement bizarre… »

Il sortit ensuite, sans spécialement se préoccuper des jurons que pouvait proférer le sapin de Noël quant à son impolitesse etc. il était bien trop préoccupé par les autres qui risquaient de la tuer si elle ne faisait pas attention… Et ça, il ne voulait pas. Kuragari pourrait s’en vouloir à mort si elle se faisait tuer sous ses yeux : cela serait comme ne pas avoir réussi à sauver le village. Bref. Il se rendit alors un peu lus loin, au croisement de plusieurs ruelles tout en attendant sa douce et tendre Meï.

Meï ne pouvait se permettre de s’attarder plus longtemps dans sa propre tour. L’heure était grave et ce n’était pas un exercice.  Elle avait pris possession de son couvre-chef, ce qui signifiait qu’elle  se dévoilait au grand public en assumant sa fonction de dirigeante.  L’issue de tout ce problème résulterait de ses propres décisions et elle devait bien avouer que le temps ne lui permettait pas de mener une réflexion longue et poussée. Quand on avait ce rôle à tenir, il fallait savoir se décider rapidement, sans entreprendre de mauvais choix. Et c’était là, la tâche la plus difficile. Quand bien même les conseillers étaient toujours là pour la soutenir,  la belle devait tout aussi suivre sa propre opinion et faire le point entre les avis éventuellement divergents.

« - Préparez plusieurs équipes de telle façon à superviser l’évacuation de tous les civils, selon les codes de sécurité en cas de crise. Vous, mobilisez un maximum de troupes pour assurer la défense du village ; on ignore exactement le nombre d’ennemis qu’il pourrait y avoir alors on ne doit pas manquer de renforts en cas d’urgence. » déclara la belle, sérieuse mais posée.

Elle ne dut pas attendre bien longtemps pour obtenir l’approbation des capitaines et des généraux  qui l’accompagnaient.  La plupart s’étaient dispersés pour aller composer les équipes et les informer de la situation, tandis que les autres veillaient sur la Mizukage. Celle-ci gardait son calme et c’était la meilleure chose à faire si elle ne voulait pas que ses acolytes se mettent à paniquer. Elle se souvenait encore qu’il y a dix minutes, elle était tranquillement assise sur sa chaise en train de feuilleter quelques dossiers. L’Adjoint du Capitaine des ANBU était entré dans son bureau brusquement, sans  même se fier à l’intimité de la belle. Et pour une fois, elle ne lui avait pas fait remarquer son impolitesse. De toute manière, ce qu’il venait de lui annoncer prenait une telle ampleur qu’elle aurait été capable de laver tous les reproches qu’elle lui avait fait depuis tant de mois.  Elle n’avait donc pas accueilli Misatachi avec la pensée qu’il était un alcoolique et sans domicile fixe mais plutôt comme un Oinin qui venait la prévenir d’une crise. Et un tremblement de terre avait fait sonner  cette fameuse crise, comme un coup porté au sol qui vous faire vibrer jusqu’aux os. Meï avait ressenti ces vibrations, même du haut de sa tour. Son bureau s’était déplacé de quelques millimètres, des tintements s’étaient fait entendre du lustre en cristal qui avait été situé au-dessus d’elle. En somme, rien qui ne sentait bon. Et cette odeur pestilentielle allait bientôt se répandre si on agissait pas.

Misatachi à sa droite, attendait sûrement les prochains ordres mais la belle le voulait simplement à ses côtés. Bien que cela puisse surprendre, elle avait confiance en lui et le pensait digne de pouvoir assurer ses arrières. Après tout, il n’était finalement pas l’adjoint du capitaine Oinin pour rien. Evidemment, jamais elle ne lui dévoilerait ces éloges avec tant de facilité. Cependant, elle le pensait et c’était indubitablement ce qu’on pensait qui primait sur la parole.  

En compagnie d’Aô, Chôjuro et de quelques ANBU, le duo quitta la haute tour pour se diriger vers le danger. Dehors, le froid se faisait ressentir et l’humidité était assez présente pour qu’une pluie ne tarde pas à tomber. Quant aux contours du village – les falaises rocheuses, plus exactement -,  de l’eau se déversait toujours autant en différentes belles cascades. Mais ce qui attira immédiatement le regard, c’était ce panda énorme qui écrasait tout sur son passage. Il possédait une arme de fer et n’allait faire preuve d’aucune pitié.  Des cris les alertèrent et leur montra à quel point les civils venaient d’être touchés par l’assaut. Mais bientôt, ils seraient évacués par des Ninja qualifiés. Le village pouvait bien subir des dommages mais il fallait alors limiter au maximum les pertes humaines. Alors que le regard smaragdin de la jeune femme se posa sur une demeure  en flammes, celle-ci se jura de protéger Kirigakure jusqu’au bout. Elle avait fait une promesse à son peuple, il y a quelques années et elle comptait  bien la tenir. Après tout, ces oreilles tendues qui l’avaient écoutée méritaient ce qu’elle leur avait promis. En silence, l’équipe s’approcha de certaines victimes avant de leur administrer quelques soins. Des Ninja s’étaient déjà chargés d’éteindre le feu environnant avec leurs talents de Suiton. A son arrivée, le terrain fut moins ravagé mais cela brisait presque le cœur de la Mizukage que de voir des corps étendus, apparemment électrifiés par on ne sait quel jutsu, lancé par on ne sait quel intrus. D’après les derniers informations, les ennemis étaient au nombre de trois mais il fallait s’attendre à des renforts puisque attaquer un village en étant seulement un trio relevait du suicide. S’ils n’étaient pas des imbéciles, ils avaient certainement plusieurs cartes en main à jouer par la suite. Un homme leva la main vers un des Oinin, avec le besoin d’être secouru. Sa main était blessée et d’après ses dires, des oiseaux de glace étaient venus courser les citoyens à proximité. Quelle horreur. Comment pouvait-on s’attaquer à des êtres sans défense, sans le moindre scrupule ?

Meï se tourna vers un groupe de Chuunin qui venait de sortir un enfant d’une maison enflammée.

« -  Faites tout votre possible pour sauver ces innocents et leur procurer les premiers soins. Ne vous attardez pas sur ces lieux et protégez au maximum les médecins qui pourraient vous accompagner. »

Ils ne se le firent pas dire une seconde fois et en un clin d’œil, ils s’exécutèrent sans discuter.  La situation serait délicate et de plus en plus corsée.  La jeune femme et son équipe s’approchèrent des portes du village, qui étaient l’épicentre même du problème. Deux silhouettes étaient visibles, en plus du panda ; une femme positionnée sur un des toits tout près de l’entrée principale et un homme.  Etaient-ce des Nukenin de Kiri ? La logique le voudrait mais dans ce monde, on pouvait s’attendre à tout. Se positionnant dans une des extrémités de la zone de combat – dessinée par le carnage provoqué par les flammes - , l’auburn s’adressa aux inconnus d’une voix autoritaire et sans aucune clémence. Elle ne comptait pas les laisser repartir vivant, après une telle agression.

« - Déclinez votre identité. J’ignore quelle est la raison de votre assaut mais sachez que vous ne vous en sortirez pas vivants. Vous allez devoir mourir ! »

Maintenant que les innocents allaient être évacués, elle pouvait se permettre d’utiliser l’environnement à son avantage. Mais d’abord, elle devait se débarrasser de l’invocation gênante. Discrètement, Meï se tourna vers le Misatachi pour lui faire comprendre qu’elle se chargeait de l’animal en premier et qu’elle avait besoin de lui pour faire diversion auprès des deux, en attendant qu’elle finisse son travail. Ses signes de main étaient très clairs et l’Oinin devait les comprendre.

« - Yoton, lava geyser ! »

Sans plus attendre, elle composa deux mudras avant de frapper le sol de ses deux mains pour le faire trembler de nouveau. Grondant de plus en plus, un énorme geyser surgit tout près du panda avant de s’en rapprocher encore plus à une bonne vitesse. Cette bête était sûrement trop lourde et trop lente pour l’esquiver. Son pelage finirait fondu, et c’était cela le plan.