The Last Bell

Solo

Quand une proie est poursuivie par des chasseurs, ce qu'elle peut faire de mieux est de ne plus bouger.

"Elle n’avait cessé d’enligner les missions pour le compte du village. Peut-être était-ce parce qu’elles lui permettaient de s’enfuir de ce village brulant pour lequel l’affection n’avait jamais été complètement présente. Inutile de le nier, c’était là l’évidence même. Ce regard austère qu’elle lançait sur le Pays du Vent ne pouvait passer imperceptiblement. C’est pour cette raison qu’elle partait presque toujours dans la même journée que celle qui accompagnait son retour. On ne la voyait plus au village et elle ne manquait à personne, un autre acte courant. Les gens ne nourrissaient aucune affection factice à son encontre et elle n’en demandait pas tant. Pas même un sourire, une salutation passagère… Rien. C’était sa vie telle qu’elle l’avait conçue en arrivant à Suna. Une vie bien déplorable, mais qui l’assouvissait en un sens.

Elle se trouvait au centre d'une plaine verdoyante. Elle sentait le vent qui soufflait dans sa chevelure ébène alors que son regard impénétrable regardait devant-elle sans vraiment se poser sur un élément particulier du décor. Elle ne bougeait pas, se tenant droite et majestueuse au centre de ce qui allait devenir un champ de bataille souillé par le sang de l'un ou l'autre des deux partis. Cet endroit qui brillait par sa pureté allait être tâché par la monstruosité humaine, il allait connaître le goût ferreux de ce fluide vital qui constituait l'une des bases de la vie animale. Soudainement, un mouvement à peine perceptible dérangea l'unique son de la brise, réveillant le bruit des feuilles des multiples arbres qui entouraient l'arène improvisée. Un sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle tirait sa main vers Suzumebachi qu'elle laissa glisser hors de son fourreau. À ce moment, il fut clair qu'elle ne laisserait pas sa victime s'échapper. Tel un prédateur acharné, elle le traquerait, le pisterait inlassablement et ce jusqu'à l'accomplissement de sa mission. Une mission ne se réalisait pas uniquement qu'avec un peu de volonté... Et quand bien même son adversaire se révélait coriace, elle ne reviendrait pas dans cet abject village la queue entre les jambes.

Tranquillement, une silhouette troublée se dévoila entre deux arbres. Elle glissa sa main le long du tronc de l’un d’eux alors qu’un sourire s’affichait sur son visage hautain. Un jeune homme d’une vingtaine d’année se discerna alors devant elle, visiblement animé par un plaisir malsain. Il tenait un rouleau dans sa main gauche, ce qui fit légèrement titiller notre protagoniste. Serrant la garde de Suzumebachi dans sa main, elle en pointa la pointe vers le garçon à l’attitude provocante.
Dit-il en levant le rouleau à la hauteur de ses yeux, ce qui n’arracha aucune réaction à la jeune Tsubaki qui descendit légèrement son arme et joignit sa main à la deuxième.Sans crier gare, la Kunoichi se précipita vers lui, serrant Suzumebachi dans ses mains, prête à frapper à la première ouverture. Elle ne ferait pas éterniser ce combat éternellement, on l'avait bien prévenue que son adversaire était un faiblard se protégeant sous de grands airs, simplement pour intimider... ou narguer. Son premier blocage fut tremblant, le coup de la lame de Dahlia résonna sur le kunaï maladroitement glissé entre lui et son flanc gauche. Le regard de la chef ANBU se planta dans le sien sans la moindre once de surprise ou de peur. Les belles paroles n'avaient aucun effet. Elle traitait de manière égalitaire chacun de ses antagonistes, qu'il fut homme ou femme, beau ou laid, binoclard ou puissant... Cela importait peu à ses yeux. Elle ne vivait pas pour démontrer sa puissance supérieure au reste du monde, elle voulait simplement faire ce pourquoi elle était payée. Par définition, mettre fin à la vie des traitres du village ou à ceux l'ayant défié. Une vie bien terne.

Pestant, il la força à reculer alors qu’il glissait le rouleau à l’intérieur de son kimono noir brodé de motifs rougeâtres sans significations. Comment un être comme lui avait-il pu s’en emparer? Sûrement en utilisant davantage la ruse que la force brute, car il était clair qu’en situation d’affrontement réel, il ne savait faire le poids contre un véritable adversaire. C’est pourquoi le combat serait rapidement achevé. Il composa rapidement une série de mudras qui forcèrent l’ANBU à se mettre sur un pied d’alerte alors qu’elle fronçait les sourcils, ramenant son sabre devant elle en position verticale, prête à bloquer ou du moins restreindre la puissance d’une technique de faible niveau ou qui puisse facilement être contrée. Furent ses paroles alors qu’il crachait vers elle quelques petites boules de feu qui ne l’impressionnèrent guère. Pour toutes représailles, elle transigea alors du sabre vers le ninjutsu, simplement pour lui faire comprendre l’inutilité de sa technique contre elle.Pour obstruer sa technique, elle projeta autour d’elle une barrière d’eau sous forte pression contre laquelle les projectiles enflammés vinrent se percuté avant de disparaître. S’il ne savait faire mieux, plus puissant, ce combat était officiellement terminé. Il n’arriverait même pas à l’essouffler… Et rendrait son voyage vers le pays de la Cascade assez inutile. En effet, ces quelques jours de courses pour récupérer ce rouleau se révélaient être assez futiles au final. N’importe qui aurait pu se charger de cette mission de récupération… Pourtant, elle l’avait prise. Elle savait que l’homme était faible, mais elle s’en foutait, elle voulait simplement quitter Suna. Avait-elle déjà envisagé la désertion? Plus d’une fois et pourtant, il y avait cette petite voix qui le plaçait face à un mur : Aurait-il voulu cela? Non. Bien sûr que non. Lui qui était natif de ce village ardent n’aurait certainement pas aimé la voir affligée du titre de déserteuse. C’était sans doute pour cette seule et unique raison qu’elle continuait de porter le bandeau frappé de ce sablier représentatif de la population du vent.

Ce combat avait déjà trop duré. Ça se voyait par son regard soudainement plus effrayé qu’il ne savait faire mieux, peut-être avait-il sorti la plus puissante de ses techniques alors que la jeune femme, elle, attendait toujours d’être impressionnée… Soupirant, elle fit un pas dans sa direction alors qu’il relevait nerveusement son kunaï devant lui. Une réaction pathétique, forcée par l’énergie du désespoir… Désormais, c’était l’instinct de survie qui l’aidait à se mouvoir et c’était elle la seule, et non pas le talent, qui lui permit de bloquer le premier coup de sabre de Dahlia. Cependant, elle ne s’arrêta pas là. Attrapant la garde de Suzumebachi, elle frappa une deuxième fois, puis une troisième fois, réduisant l’espace de temps entre chacun de ses assauts. Il se débrouillait maladroitement, mais parvenait, jusqu’à lors, à freiner ses élans et ses coups meurtriers. Pourtant, sa dernière heure avait sonnée. La taule ou la mort était le destin encourut par tous les nukenin, qu’ils furent natifs d’Iwa, de Suna, De Kiri, de Konoha ou de Kumo… Personne n’avait de pitié pour ces êtres en mesure de trahir une nation entière.

Décelant une brève ouverture, elle modifia l'angle de son sabre et laissa celui-ci glissé diagonalement du bas vers le haut, le long du torse du déserteur. Une giclée de sang s'invita hors du corps qui tomba mollement sur le sol, vidé systématiquement de son énergie. Se penchant, elle attrapa le rouleau dans le kimono de l'individu alors qu'elle regardait le visage plongé dans une expression d'incrédulité de son adversaire. Lorsqu'il s'était levé, ce matin-là, avait-il envisagé ne jamais terminer cette journée? N'étais-ce pas chose constante à laquelle pensaient inlassablement les déserteurs? La mort? Après tout, ce n'était pas un ennemi qu'ils avaient sur le dos, mais une nation entière... Leur vie ne tenait qu'à un fil, vibrant et menaçant de se rompre à la première occasion. Ce n'était pas une vie que de fuir toute son existence. Finalement, peut être étais-ce pour cette raison que la kunoichi ne quittait pas Suna... Son retour au pays du Fer serait-il bien vu, dans tous les cas? Elle en venait à se demander si elle serait éternellement enchaîner à ce village qui ne lui promettait aucune perspective d'avenir...

Soupirant, elle déposa le rouleau dans son manteau en secouant la lame de Suzumebachi pour la nettoyer rapidement du sang qui s’y était déposé. Une partie du fluide avait recouvert son habit blanc à l’origine immaculé, mais cela ne la fit pas bronché… Elle n’aurait qu’à s’arrêter à une rivière pour nettoyer rapidement le vêtement et le résultat devrait être acceptable. Essuyant une partie des tâches sur son visage, elle soupira en regardant le ciel. Son escale ici était déjà terminée… S’attarder alerterait sans doute le village, son voyage avait déjà été trop long… Elle ne se souciait déjà plus du corps mitigé entre la vie et la mort derrière elle. Peut être quelqu’un viendrait-il le sauver… Autrement, il périrait et cela ne la dérangeait pas." ► Tsubaki Dahlia

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