Une nuit à Suna...

Sunagakure no Sato, milieu de soirée…

Quelle belle nuit… une nuit sans nuage, une nuit claire, une nuit… magique. La lune, éclatante, illuminait le monde Shinobi et la voûte céleste étoilée était tout simplement magnifique.
Assis au sommet des remparts du Village caché du Sable, les jambes qui se balançaient dans le vide, Matsuo fixait le désert, pensif… Tandis que ses yeux étaient rivés sur l’obscur horizon, ses doigts faisaient tournoyer une carte de son fidèle jeu fétiche dans le creux de sa main.
Sa conscience, perdue dans les méandres de son esprit, façonnait le désert comme bon lui semblait… Appréciant les rares moments où il pouvait s’évader dans ses propres illusions, notre Jûnin profitait de son pouvoir hors du commun pour se créer un monde, un havre de paix dans lequel il retrouvait son autre lui : Yami.

Alors qu’il bougeait le sable du désert du bout du doigt, celui-ci apparut à ses côtés et s’approcha à son tour du rebord, avant de prendre place sur sa gauche. Matsuo lâcha alors un soupir et demanda à son double :

« Dis-moi Yami… que penses-tu de notre coexistence ? »

L’intéressé resta stupéfait par une telle question, lui qui d’habitude posait de véritables énigmes à son hôte. Après quelques secondes de réflexion, l’entité répondit :

« Hm… difficile de vivre avec un quelqu’un qui partage le même corps que toi. Tu en as marre de moi ?

- Non loin de là… je me sens moins seul… j’ai quelqu’un à qui parler… »

Yami se mit à rire avant de poser son regard sur le désert face à lui, qui ne cessait de changer de forme suite aux remaniements du jeune illusionniste. Voulant lui aussi se prêter au jeu, il avança le doigt en direction d’un bout de terre face aux à lui et fit s’élever le sable, avant de lui faire prendre la forme d’un tourbillon.
Bien sûr, tout ceci n’était que chimères et songes… Matsuo n’était pas un dieu… il n’était d’ailleurs pas non plus Dieu… mais dans ses créations… il était omnipotent ! Jouer avec les lois de la physique, ériger des constructions qui ne pourront être reproduites dans la réalité, bâtir des univers tout entier et voyager à la vitesse du son… ses illusions n’avaient d’autres limites que celles instaurées par son imagination !

Mais tôt ou tard, il faut se réveiller, non ?

L’accès aux remparts étaient interdits de nuit, même si l’on était un Jûnin d’élite de Sunagakure no Sato. Alors plongé dans son illusion, une voix s’éleva et le ramena à la réalité :

« Hey ! Que fais-tu là-haut ? Descends de là tout de suite ! »

Matsuo secoua la tête de gauche à droite, recouvrant peu à peu ses esprits, et jeta un coup d’œil en contrebas. L’une des sentinelles s’était aperçue de sa présence et venait lui sonner les cloches. Le cartomage rompit l’illusion après avoir lancé un vif regard à son comparse mental, se redressa nonchalamment et s’excusa auprès du garde avant de redescendre sur la terre ferme.
Une fois au niveau du chemin qui longeait l’intérieur des murs du village, notre individu épousseta sa tunique avant de ranger la carte dans sa poche et de relever sa capuche. La soirée n’était pas terminée, et après une dure journée de travail, rien de tel qu’un verre de saké pour décompresser.
Matsuo tourna la tête d’abord à gauche, puis à droite, avant d’emprunter le chemin qui se présentait à lui. Après quelques mètres entre deux habitations, ses pas le conduisirent au niveau de l’allée principale du Village caché du Sable. Les enseignes de quelques bars étaient allumées et semblaient faire de l’œil. Tandis que sa main frottait son menton, le cartomage cherchait un bouge convenable ou passer le reste de sa soirée. Yami participait également, mais Matsuo préférait choisir seul… certains de ces bars lui étaient interdits… après avoir leurré quelques clients en leur lançant des paris.

Au bout de quelques secondes de réflexion, le Jûnin de Suna finit par faire son choix et s’avança vers un établissement plutôt animé. D’un geste tranquille, il traversa l’entrée du bar et, une fois arrivé dans la salle, lâcha un discret « Bonjour. » avant de se diriger vers une table libre.
Le brouhaha baissa en intensité… les rires se dissipèrent et les regards suivirent les déplacements du cartomage.

« Qu’ont-ils à te dévisager ces clampins ?

- Laisse-les faire Yami… l’être humain est d’un naturel curieux… »

Sans dire un mot de plus, Matsuo s’installa avant de commander un saké. Quelques instants plus tard, un homme lui apporta, sur un plateau, un verre ainsi qu’une petite bouteille. A la vue de celle-ci, notre héros esquissa un sourire, impatient de s’humecter les lèvres avec ce breuvage des plus délicieux. Il saisit alors ladite bouteille, se versa un peu de saké dans le verre avant d’en prendre une gorgée.

Mais alors que ses lèvres allaient toucher les rebords du petit contenant, un individu s’approcha de la table, accompagné de quatre autres personnes. Il s’agissait de jeunes, des adolescents visiblement… L’un d’eux, qui ne semblait guère subtil, dévisageait avec insistance notre illusionniste. Yami bougonnait, mais Matsuo calmait sa colère par des paroles apaisantes…

« C’est toi le magicien là ? »

Un magicien ? Voilà un terme que Matsuo n’appréciait que très peu… Ce terme semblait si enfantin, dénué de spécificité… Non, le terme magicien l’énervait totalement. Comme s’il s’agissait d’une insulte. Mais notre « magicien » préféra garder son calme et répondit, sans hausser le ton :

« Je ne suis pas magicien, mais un cartomage… je manipule les cartes…

- Oui excusez-nous… répondit une jeune femme derrière les trois jeunes au premier plan. Vous pourriez-nous… montrer comment vous faites s’il vous plaît ? »

Matsuo lâcha un rire lorsqu’il entendit la réponse de son interlocutrice. Combien de fois avait-il entendu cette question ? Combien de fois un spectateur, ébahi par son habileté et sa technique, avait demandé quels étaient ses secrets. Mais un… « magicien » ne dévoile jamais ses petits mystères, non ? C’est ainsi que le cartomage de Suna hocha la tête de gauche à droite avant de répondre par la négative… malgré la moue déçue de la jeune femme qui voulait vraiment apprendre.
Mais notre Jûnin se devait de satisfaire ses spectateurs, qui semblaient dépités…

A suivre ! :D