NOM & PRENOM : Toriasai Rakka
ÂGE : 16 Ans
VILLAGE : Konoha
GRADE & RANG : Chuunin

On ne peut pas vraiment dire que Rakka paie de mine quand on pose un premier regard sur lui. Il s'avère en effet plutôt chétif d'apparence avec ses 1m58 pour 49 kg, surtout par rapport à la carrure moyenne des autres ninjas de Konoha ayant le même âge que lui. Ces caractéristiques ne l'aide pas à s'imposer comme un combattant de premier rang, si bien qu'il se retrouve souvent considéré comme le bas du panier au sein des chuunins du village caché de la feuille.

Pourtant, si un œil expert s'attardait un peu plus sur lui, il constaterait que Rakka est loin d'être aussi démuni en terme de puissance physique que son apparence juvénile ne le laisse supposer. Sa musculature a la particularité d'être développée sur l'ensemble de son corps, ne négligeant pas la moindre part de celui-ci. S'ils sont loin de présenter un attrait séducteur particulier en exhibant des pectoraux ridiculement saillants ou des bras aux proportions peu naturelles, ils ont l'intérêt d'être à l'image de ce que ce doit être un ninja : Discrets, mais bourrés de ressources latentes à même de surprendre, et d'être fatals à quiconque les sous-estimerait.

N'appréciant pas beaucoup qu'on lui fasse des remarques relatives à son physique, Rakka se vêtit le plus souvent avec des habits matelassés bleu nuit donnant l'impression qu'il est plus épais qu'il ne l'est vraiment. Il dispose également de protection supplémentaire en cuir au niveau des avant-bras et des cuisses et a la particularité de porter on bandeau frontal en bandoulière sous ses habits, la plaque métallique faisant office de rempart au niveau de son cœur. Il dispose également d'une écharpe elle aussi d'un bleu sombre qu'il utilise occasionnellement pour s'improviser une cagoule de fortune si la nécessité de dissimuler son visage se fait sentir.

Un visage aux traits encore peu déterminés, pâle et plutôt maigre, arborant souvent une expression neutre et impassible, bien que Rakka soit pourtant de nature à ne cesser de s'interroger sur ce qui l'entoure ainsi que sur ses propres actes. Il exprime d'ailleurs assez souvent une opinion silencieuse par son seul regard, ses pupilles ambrés durcit par des cernes permanent qui laisse deviner que Rakka dort étrangement peu. Une particularité énigmatique qui le personnifie bien plus qu'on ne pourrait l'imaginer.

Rakka cache également une étrange relation entre son corps et l'eau qui, selon sa température, peut l'amener à changer de sexe. Si est immergé dans de l'eau chaude, Rakka se transforme en fille et ne peut reprendre son apparence masculine qu'en étant exposé à de l'eau froide. Sous forme féminine, il est toujours dotés de cernes caractéristiques mais devient un peu plus fluet qu'il ne semble déjà l'être sous forme masculine. Son visage devient moins anguleux, ses cheveux s'allongent et son corps de façon globale devient plus fin. Sauf pour sa poitrine qui bien sûr se développe en toute logique pour prendre des dimensions respectables bien qu'elle reste relativement menue.

La personnalité de Rakka est un étrange sac de nœuds assez délicat à appréhender et renfermant de nombreuses parts insoupçonnées. Il apparaît comme un garçon calme jaugeant perpétuellement son environnement, apparemment davantage par curiosité que par crainte, cherchant à donner du sens à toute chose. Ce jeune ninja parle peu et n'impose que rarement son opinion aux autres avec qui il entretient des relations distantes. Si la camaraderie est une notion de valeur à ses yeux, il est tout à fait conscient que ce n'est pas une idée particulièrement répandue auprès de ses confrères shinobis, encore fortement influencés par le régime élitiste de l'ancien mizukage qui valorisait un total individualisme, encourageant même le meurtre de coéquipiers jugés trop faibles ou maladroits. Rakka a une manière bien moins radicale de signifier son manque d'estime vis à vis de quelqu'un. S'il ne semble plus sonder régulièrement une personne qu'il est amené à côtoyer, on peut facilement en déduire que Rakka n'y attache pas une grande importance, si ce n'est une certaine antipathie. Cela sous-entend qu'il s'est fait une opinion tranchée (et souvent négative) sur cette personne et qu'il ne cherche pas l'approfondir. Cela ne l'empêche par pour autant d'adopter une attitude prudente vis à vis de ces gens, surtout si la ou les personnes concernés ont un comportement suspect ou belliqueux à ses yeux.

Il n'est pas de nature à chercher les conflits et adopte le profil classique du ninja, à savoir celle d'une ombre silencieuse qui se plaît à se fondre dans son environnement et à ne pas attirer l'attention. Son style de combat s'avère ainsi plutôt défensif et ne prône pas nécessairement l'extermination implacable de ses adversaires. Notons que c'est davantage par intérêt que par bienfaisance que Rakka préfère se battre ainsi, un individu vivant pouvant apporter bien plus de choses constructives qu'un cadavre.

D'autant plus que Rakka sacralise le concept de la vie et ne prend aucun plaisir à l'arracher à ses agresseurs un brin trop acharné. Ce trait de caractère se constate facilement de par son intérêt prononcé pour la nature au cœur de laquelle il se sent particulièrement à l'aise. Il se plaît à pratiquer la méditation au cœur de celle et peut s'avérer étrangement bavard quand il s'agit d'évoquer les vertus que proposent certaines plantes. Il a d'ailleurs une affection particulière pour le thé.

Au delà des jugements qu'il porte vis à vis des autres, Rakka se caractérise par sa tendance à se remettre systématiquement en question. Être ninja n'est pas particulièrement une sinécure pour lui sur le plan moral et bien qu'il ait foi en l'autorité de Tsunade, la Hokage, il y réfléchit toujours à deux fois avant d'obéir à un ordre ou de prendre une décision. Il en dort peu, d'autant plus qu'il s'estime incapable de dormir du sommeil du juste, quand bien même il s'évertue à ne pas négliger autrui au travers de ses actes. Cette particularité est à rapprocher des cernes perpétuellement présents au niveau de ses yeux, bien qu'il n'avouera jamais être autant assailli par une multitude de doutes. Par fierté autant que par désir d'être mal perçu par la hiérarchie de son village.

Il peut d'ailleurs s'avérer assez comique malgré lui à cause de cela, car son caractère indécis peut parfois le mettre dans des situations de choix cornéliens ironiques dans le sens ou un rien peut amener Rakka à prendre un instant de réflexion profonde. Une preuve de son immaturité, bien qu'il demeure relativement mûr pour son jeune âge.

Concernant sa particularité physique d'ambivalence sexuelle, Rakka a fini par s'y habituer au fil du temps mais se sent particulièrement mal à l'aise quand il s'agit d'évoquer le sujet. Il va sans dire que si lui a un point de vue neutre sur la question, il craint celui que pourrait avoir autrui et préfère donc garder cette particularité de sa personne pour lui.

Il est des gens qui cherchent perpétuellement à se remettre en cause, à cultiver leur être pour faire ressortir ce qu'il y a de meilleur en eux. Ils aspirent à accéder à une forme d'harmonie, un équilibre physique et spirituel leur permettant de mieux appréhender le monde qui les entoure. Mieux comprendre pour mieux agir, telle est la doctrine de ces personnes.

Il existait aux abords de la frontière septentrionale du Pays du Feu, des individus de cette catégorie qui avait assumé leurs croyances au point de former de se rassembler en un groupe baptisé l'Ordre des Enfants de la Pluie. Ils vivaient en autarcie près de Haisora, un village à la population indigente qui semblait souffrir du même fléau de pauvreté que leurs voisins du Pays du Riz, situé par delà la frontière.

Haisora était autrefois investi par la pègre qui exploitait ses rares ressources pour faciliter le transfert de marchandises illicites entre le Pays du Riz et le Pays du Feu. Esclaves, drogues, alcools, contrefaçons, dieu seul savait exactement ce qu'avait pu renfermé autrefois les entrepôts de ce triste village.  

C'est l'arrivée des Enfants de la Pluie qui mit fin à ces trafics frauduleux, la culture de leurs corps et de leur esprit semblait avoir développé leurs facultés guerrières, suffisamment pour qu'ils soient en mesure de s'opposer à la mafia locale et la repousser par delà la frontière. Les habitants de Haisora furent reconnaissants et offrirent à l'Ordre quelques terres où siégeait un temple shintoïste assez vaste pour accueillir leur communauté. Les Enfants de la Pluie acceptèrent ce cadeau, promettant en échange de protéger Haisora dans la limite de leurs capacités.

Depuis, la situation économique et politique de Haisora allait en s'améliorant. La misère tendait peu à peu à reculer, l'avenir du village semblait désormais prometteur.

Toutefois, si la violence avait presque disparu à Haisora, les larcins étaient toujours fréquents. La plupart des voleurs étaient des solitaires, d'autres étaient rassemblés en bandes plus ou moins organisées. L'un d'entre eux, particulièrement actif, exerçait ses petits vols pour le compte d'un caïd local. On ne lui prêtait pas grande attention, si bien qu'il passait près de ses victimes sans qu'elles ne le remarquent, allégeant leur poche de quelques pièces, de temps en temps d'un bijou. Il avait des doigts fuselés et agiles, capable de se glisser dans la plus fine des poches. Ce voleur parvenait ainsi tant bien que mal à subsister à Haisora, seul, livré à lui même, du haut de ses sept ans. Car oui, ce filou était un simple gamin répondant au nom de Rakka Toriasai.

Il était à l'image de bien des enfants de ce village et de ceux du Pays du Riz, Abandonné par ses parents trop pauvres pour le sustenter, il avait dû se battre pour survivre et pour y parvenir, la meilleure option pour un enfant restait de rejoindre un groupe. Celui de Rakka était mené par un adolescent de seize ans, pas particulièrement futé qui usait de sa carrure importante pour contraindre les plus jeunes à lui obéir.

Ainsi, une bonne partie du butin de Rakka revenait à cette brute. Cela ne lui plaisait guère, mais le groupe lui assurait une sécurité relative et lui permettait de dormir avec un toit au-dessus de la tête. Ils avaient élus domicile dans un hangar désaffecté qu'ils entretenaient de manière à le rendre habitable. Le village n'ayant aucune milice ou autre organisme supposé faire régner l'ordre, personne n'osait vraiment aller les déloger de leur repère.

Rakka aurait pu continuer à vivre tel un malandrin si la fortune ne lui avait pas accordé une faveur, lui octroyant la chance de prendre son destin en main. Cela avait pourtant eu l'air d'un coup de poisse. Il avait, comme à son habitude, repéré une cible à l'air absent et l'avait suivi jusqu'à anticiper une opportunité pour lui mettre la main à la poche. Mais cette fois-ci, une poigne ferme vint empêcher Rakka de s'échapper, elle avait saisi sa main en plein élan avant même qu'il n'identifie un butin quelconque.

Rakka avait pris pour cible l'un des membres expérimentés de l'ordre des Enfants de la Pluie. Il avait de longs cheveux sombres, un regard inquisiteur, et laissait dégager de lui un certain flemme. Il portait des vêtements civiles décontractés et mâchonnait nerveusement un cure-dent.



Il ne semblait pas particulièrement affable, pourtant, bien qu'ayant d'abord adressé un regard noir à Rakka, son visage ne tarda à se vider de toute d'hostilité pour laisser place un sourire chaleureux.

- On te voit venir à des kilomètres gamin avec les loques qui te servent de vêtements. Tu as le physique de l'emploi du roublard miniature. Suis-moi.

L'homme ne laissa pas vraiment d'autres options à Rakka qu'il tenait toujours fermement au poignet, le guidant contre sa volonté. Le jeune garçon avait beau essayer de tirer de toutes ses forces pour s'échapper, la poigne de son aîné ne faiblissait pas. L'homme marchait d'un pas tranquille et nonchalant, et bien que Rakka continuait d'essayer de s'enfuir dans la direction opposée, il ne semblait nullement ennuyé.

- Je m'appelle Karasu. Et toi gamin ? Quel est ton nom ? Et pourquoi tu as essayé de me faire les poches tout à l'heure ?

Rakka ne chercha pas du tout à répondre, il continuait de jurer entre ses dents en continuant à tirer dans la direction opposée à la marche de Karasu. Cette vision ne surprit pas le fils de la pluie, mais ne l'empêcha pas de pousser un profond soupir blasé.

- Ok, j'attendrai que tu te fatigues pour essayer de te parler.

C'est ce qu'il fit. À force d'essayer de s'arracher à la poigne de Karasu, Rakka finit par se vider de toutes ses forces. Ça ne prit pas bien longtemps car le jeune garçon souffrait de malnutrition qui ne lui permettait pas de déployer des efforts sur le long terme. Mais il opta pour une autre stratégie qui consistait à ne plus avancer, si cela sembla fonctionner l'espace de cinq secondes, Karasu n'était pas du genre à tergiverser et se contenta de soulever Rakka plutôt que d'attendre qu'il se décide à marcher. Chose qui amena le jeune garçon à s'égosiller à nouveau pour récupérer l'usage de ses jambes. Karasu accéda à sa demande, et cette fois, Rakka le suivit sans rechigner.

- Alors, tu peux continuer à marcher en silence et sentir l'épuisement gagner tes jambes, ou on peut parler un peu pour que tu puisses penser à autre chose. Qu'est-ce que tu préfères ?

Rakka demeura silencieux quelques secondes, considérant la proposition de Karasu avec méfiance. Il ne savait pas vraiment quoi penser de cet homme qui l'emmenait à l'extérieur du village. En vérité, cette pensée le terrifiait et fut l'objet d'une question brûlante.

- Où m'emmenez vous.

Karasu esquissa un sourire, content de pouvoir mettre une voix sur cette petite frimousse miséreuse. Il désigna le sommet d'un grand bâtiment visible depuis le village, Rakka en avait déjà entendu parlé, c'était le temple qui abritait les Enfants de la Pluie, mais il peinait à croire qu'un individu tel que Karasu puisse en faire partie, son apparence lui semblant définitivement louche.

- Si c'est vrai, dites moi pourquoi vous m'y emmenez. À quoi cela ressemble à l'intérieur, qu'est ce que vous y faites. Ce que vous...

- Avant que je ne réponde à toutes tes questions, j'aimerais mettre un nom sur la personne à laquelle je m'adresse.

Le jeune garçon fronça les sourcils, il ne tenait vraiment à donner son nom. Mais d'un autre coté, son nom n'avait finalement pas la moindre importance. Il n'avait plus de parents, pas d'adresse fixe, presque plus d'identité. Mais aujourd'hui, Karasu semblait donner de l'importance à ce qu'il était, et quelque part, ça le rassurait un peu. Il prononça alors son prénom, qu'il n'avait plus donné à quiconque depuis longtemps. Parce qu'on ne le lui avait jamais demandé.

- Rakka... mon nom est Rakka.

Karasu lui ébouriffa les cheveux en riant.

- Parfait. Désormais, je ne t'appellerai plus "gamin". C'est promis.

C'est ainsi que Rakka fut amené à découvrir le temple désormais investi par les Enfants de la Pluie. C'était un bel endroit caractérisé par une abondance de jardins, probablement destiné à aider la communauté vivant ici à vivre en autarcie. Il y régnait un silence apaisant, bien différent de l'agitation grouillante des marchés populaires de Haisora. Les gens semblaient ici bien plus sereins, Rakka lui même trouvait cet endroit charmant.

Karasu de son coté s'évertuait à présenter de son mieux son ordre et les préceptes leur tenant tant à cœur. Puis vint cette proposition simple, cette main tendue qu'il adressait à Rakka, celle de rester ici. De mettre de coté sa vie de malandrin pour essayer de repartir sur de bonnes bases. Karasu sut à l'expression troublée de son visiteur que c'était beaucoup demander à un enfant de changer d'existence du jour au lendemain. Il lui proposa donc de rester quelques jours pour voir comment il se sent au temple, afin qu'il puisse prendre le temps de considérer la question pour donner une réponse mûrement réfléchie. Rakka accepta, quelques jours passèrent... puis des semaines, puis des mois... même s'il ne l'avait pas clairement exprimé, Karasu savait qu'il avait déjà fait son choix.

Pendant tout ce temps, Karasu s'improvisa père de substitution pour Rakka. Essayant de l'éduquer au mieux, de lui transmettre les valeurs qu'il estimait nobles. Il l'initia aux exercices des initiés de l'ordre, beaucoup d'entraînement physique basés sur l'équilibre et la concentration. Rakka fut surpris d'apprendre à réaliser des exploits physiques qui lui semblaient totalement impossible, notamment celui de marcher sur l'eau.

En vérité, Rakka semblait avoir une affinité particulière avec l'eau, chose que perçut assez rapidement Karasu qui lui proposa quelques exercices particuliers pour perfectionner son art. Rakka se plaisait à recevoir ce traitement de faveur de la part de celui qu'il considérait désormais comme son sensei. Mais il ne comprit pas pourquoi ils pratiquaient ce genre d'activité avec de petites bassines alors qu'il existait un paquet de sources naturelles à environ un kilomètre du temple. Karasu fut assez évasif à leur sujet, Rakka lui ayant posé la question tandis qu'il disputait une partie de shogi avec un confrère.

- Ces sources sont dangereuses. Nous pouvons nous entraîner avec des quantités d'eau limitée, le fait que tu la fasses s'évaporer de temps à autre n'est pas bien problématique tu sais.

Cette réponse ne fut pas vraiment dissuasive pour Rakka qui profita de quelques heures libres pour s'aventurer aux abords de ces sources localisées à proximité d'une montagne. De la vapeur s'échappait de la multitude de bassins présents aux alentours. Rakka trempa d'abord un bout de bois dans l'un d'entre eux. Puis, voyant que rien ne se passait, il y trempa son index avant de le retirer brusquement. L'eau était très chaude, Rakka supposa que c'était la raison pour laquelle son sensei préférait éviter les entraînements ici, bien qu'il trouvait personnellement cela un peu ridicule.

Il commença par quelques exercices d'échauffements aux abords du bassin, puis il entreprit de commencer à marcher à la surface de l'eau. Le fait d'avoir de l'eau surchauffée sous ses pieds constituait une différence en apparence anodine, mais qui perturbait quelque peu Rakka. Il parvint toutefois à franchir le bassin une première fois sans accroc.

Le jeune homme trouvait effectivement l'exercice plus délicat ici et imaginait qu'un échec devait être plus douloureux. Mais cela avait aussi quelque chose de stimulant qui l'incita à persévérer. Il réitéra l'opération une fois... puis deux, trois, puis vint le quatrième passage. Il était à mi-chemin et abordait désormais l'étendue d'eau plus rapidement et avec plus d'assurance. Peut être trop en vérité, car le glatissement strident d'un aigle vint briser sa concentration, rompant son adhérence avec l'eau brûlante dans laquelle il sombra.

Rakka sentit alors comme une période de flottement, un infime instant pendant lequel il eut l'impression que son cœur s'était arrêté. Une douleur lancinante se mit alors à se propager dans tout son corps, lui donnant l'impression que ses os et sa chair s'embrasaient et allaient se rompre d'une seconde à l'autre. Quand il eut reprit le contrôle de ses esprits, il eut le réflexe immédiat de s'immobiliser en étoile, se laissant ainsi remonter à la surface de l'eau. Une fois la tête hors de l'eau, il se précipita sur le bord du bassin, haletant tandis qu'il extirpait son corps endolori de l'eau.

- Merde !

Laissa t-il échapper d'une voix qui lui sembla... différente, elle semblait plus aigüe que d'habitude. Rakka ne sembla pas relever ce détail, toutefois, quand il essaya de dégager les cheveux humides plaqués sur son visage, il eut l'impression qu'ils étaient plus longs qu'à la normale. Ses mains de leur coté, avaient l'air plus fines. Une intuition terrifiante parcourut l'esprit du jeune garçon, il se sentait tout d'un coup étranger à lui même. Il essaya de se calmer en ralentissant sa respiration, jusqu'à ce qu'il baisse instinctivement la tête comme il avait tendance à le faire quand il méditait. Un détail particulier de son anatomie lui sauta aux yeux... plus exactement deux détails qui ne devaient techniquement pas exister. Rakka se prit alors la tête d'une main, cette main détestablement trop délicate qui était désormais sienne, et se mit à pleurer.

- Ce... c'est impossible !

Il revint plus tard au temple, à l'heure du crépuscule, en se faisant le plus discret possible. Il évita de croiser quiconque et rejoignit naturellement la chambre de son tuteur. Il frappa à la porte trois fois, comme à son habitude, avant d'entendre la voix de Karasu lui répondre, l'invitant à entrer. Ce qu'il fit, en ouvrant la porte d'une main tremblante. Karasu buvait un thé près d'une table basse et semblait lire un livre qu'il posa sur le coté en levant la tête vers Rakka. Il haussa les sourcils, surpris de ce qu'il avait sous les yeux. Il lui fallut quelques secondes avant qu'il ne comprenne que c'était bien son disciple qu'il avait sous les yeux. Son corps était devenu plus fluet et son visage plus doux, mais il avait conservé ces perpétuels cernes qui le caractérisaient tant.

Rakka vint s'asseoir devant lui, la tête base, n'osant rien dire. Karasu pour sa part, le dévisagea un moment avant de laisser échapper un profond soupir.

- Je vais te faire du thé... tu m'expliqueras après ce qui s'est passé.

Ainsi, Rakka raconta le récit de son entraînement aux sources chaudes interdites, et la triste finalité de celui-ci. Karasu l'écouta avec calme, sans l'interrompre. Il ne voulait pas manifester son mécontentement, mais Rakka sentait qu'il était contrarié, il ne touchait plus à sa tasse de thé et se murait dans un parfait silence, probablement pour voir cela sous le meilleur angle possible.

- Eh bien... ce qui est fait est fait. J'aurais dû être plus précis quant à la nature du danger que représente ces sources. Estime-toi heureux d'avoir simplement changé de sexe. Chaque bassin comporte sa propre malédiction, cela aurait pu être bien pire.

Il se retira un instant, laissant Rakka en proie à ses regrets. Avant de revenir à pas de loup derrière lui, où il déversa le contenu d'un verre d'eau glacé sur sa tête. L'arrachant aussitôt à ses états d'âme.

- Qu'est ce que vous f.. ?! Ma... ma voix ! Elle est redevenue normale.

Karasu déposa une serviette sur ses épaules et vint se rasseoir devant lui, il termina sa tasse de thé en poussant un petit soupir.

- La malédiction de ces sources est d'une nature très étrange. En tout cas, c'est l'eau qui sera le déclencheur de toute transformation chez toi. L'eau chaude te donnera l'apparence que t'a imposé la source, et l'eau froide te rendra ton apparence originelle. En revanche, il n'y a aucun moyen connu pour l'annuler complètement. Tu devras vivre avec.

Rakka demeura coi face à son mentor ne sachant trop que penser de tout cela. Cette malédiction ne semblait pas si terrible, mais il ne pouvait que songer à la douleur qu'il avait ressenti quand l'eau de la source a agi sur son corps. Est-ce que le moindre changement de forme allait être aussi douloureux ?

Karasu poussa un autre soupir en se prenant la tête d'une main, cherchant ses mots pour réconforter son élève.

- Ton apparence ne change pas ce que tu es au fond, Rakka. Et en vérité, tu pourras peut être tirer profit de cette seconde forme.  

Rakka releva la tête vers son sensei qui se força à lui sourire, bien qu'il n'était lui même pas certain de ce qu'il affirmait.

- On a déjà parlé des deux énergies qui animent chaque individu, tu te souviens ? On ne les appelle pas énergies masculine et féminine pour rien. En théorie, chaque corps peut plus ou moins facilement malaxer ces deux énergies. Mais toi... avec ton corps ambivalent, tu auras peut-être la possibilité d'atteindre une maîtrise supérieure de ces énergies.

Rakka dévisagea un moment Karasu, puis baissa à nouveau les yeux, lorgnant le restant de sa tasse de thé.

- Comment savoir si je suis capable d'une telle chose.

Karasu laissa échapper un petit rire qui surprit Rakka qui reporta aussitôt des yeux écarquillés sur son sensei. Ce dernier lui adressa un sourire plus sincère cette fois, il croisa les bras en fixant son disciple avec un air de défi.

- Tu ne peux pas, et moi non plus d'ailleurs. Mais je compte sur toi pour ne pas me donner tort.

Rakka ne sut pas exactement pourquoi, mais voir son tuteur lui esquissait une perspective d'avenir où il saurait accepter et même apprécier sa seconde nature lui remonta le moral. Un vague sourire conforté vint illuminer son visage, il reprit alors une autre tasse de thé, et continua de discuter avec Karasu jusqu'à ce que la fatigue le gagne.

Quelques mois passèrent pendant lesquelles Karasu veillait à perfectionner les aptitudes de Rakka optimisant ses capacités physiques et son affinité particulière avec l'eau. Jusqu'au jour où le mentor convia son disciple dans sa chambre, où il lui remit une épée rangée dans un fourreau rouge.

- Tu commences à bien savoir exploiter les énergies qui traversent ton corps. Mais pour devenir véritablement fort, tu vas devoir en tirer toute sa quintessence. La force brute peut être impressionnante, mais un pouvoir contrôlé est bien plus utile et terrifiant pour qui sait le reconnaître. Pour atteindre cette maîtrise, tu vas devoir commencer à considérer le monde comme un tout, un tout dont tu fais partie. Ce sabre ne devra pas qu'être un outil ou une arme, il devra être une extension de toi même. Quand tu commenceras à ne faire qu'un avec lui, tu auras une meilleure perception de ton univers. Et saura au mieux comment l'entretenir, que ce soit par la préservation ou la destruction de certains éléments.

L'élève buvait les paroles de son maître, assit en tailleur face à lui, tendit qu'il lui tendait la belle lame, les deux mains en avant, avec une certaine solennité.

- J'espère que tu auras la sagesse suffisante pour définir ce qui menace l'équilibre du monde, et agir en conséquence.

Rakka acquiesça d'un mouvement de tête en libérant la lame de son fourreau, contemplant sa finition soignée.

- D'où vient ce katana ? Il ne ressemble pas aux quelques épées qui sont utilisées par les autres moines.

Karasu haussa les épaules en esquissant un petit sourire amusé, son disciple avait de la suite dans les idée.

- C'est un cadeau que m'avait fait un ami forgeron il y a longtemps. Mais je n'en ai plus l'utilité maintenant. Autant qu'elle soit utile à quelqu'un, car je suppose qu'elle te servira quand tu partiras pour ton voyage initiatique.

Rakka resserra sa poigne sur la garde de l'épée quand Karasu évoqua son départ à venir. L'Ordre des Fils de la Pluie préconisait pour ses jeunes disciples l'organisation d'un voyage loin du temple où ils avaient été formés afin qu'il puisse découvrir le monde et rencontrer une pléthore d'individus divers. Quelque part, le jeune garçon redoutait de quitter ce qu'il considérait désormais comme son foyer, le seul qu'il ait jamais vraiment eu.

Puis le jour fatidique vint, quelques années plus tard quand Rakka fut âgé de 14 ans. Il appréhendait toujours un peu l'idée de se retrouver à nouveau livré à lui même, mais le jeune garçon savait qu'au moins, quelqu'un l'attendait ici, au Temple des Enfants de la Pluie. C'est après avoir partagé une dernière tasse de thé avec Karasu que Rakka prit le départ, gardant en tête ses derniers conseils l'encourageant à se rendre au village ninja de Konoha. Rakka avait été dans un premier temps surpris qu'il lui ait suggéré de rejoindre des mercenaires. Il lui avait rétorqué avec un demi-sourire que le mercenariat était un bon moyen de voir du pays et de rencontrer des individus aux personnalités détonantes.

Quelques jours plus tard, Karasu reçut dans sa chambre la visite de l'un de ses plus proches frère moine, celui avec qui il jouait si souvent au shogi. Il trouva le tuteur de Rakka en train d'admirer de vieilles photos.

- Tu ne t'es jamais vraiment détaché de Konoha... pas vrai ?

Karasu se frotta les yeux en poussant un léger soupir, avant que le sourire ne lui revienne tandis qu'il contemplait un cliché de lui en compagnie de Tsunade et Dan... de vieux amis.

- À mon époque, Konoha tendait à devenir une faction détestable. Je ne voulais plus cautionner leurs desseins et me suis débrouillé pour être classé comme mort. Mais la direction a changé depuis... et j'espère de tout mon coeur que cette nouvelle génération de ninjas saura raviver la véritable volonté du feu. Rakka est encore un peu immature, mais il est futé et plus sage qu'il n'y parait. J'espère qu'il saura répandre une influence positive autour de lui. C'est le moins que je puisse faire pour mon village après l'avoir abandonné à ses heures les plus sombres.

Karasu jeta alors un coup d'oeil par la large fenêtre qui éclairait sa chambre. Le Soleil brillait de toute sa splendeur, à son zénith. Tandis que Rakka faisait ses débuts prometteurs, en tant que genin du Village de la Feuille. Ayant déjà été soumis à des entraînements réservés aux ninjas par Karasu, il n'eut pas de grande difficulté à se distinguer. Si bien qu'il ne tarda pas à gagner en grade et en estime, devenant l'un des jeunes ninjas les plus représentatifs de la volonté du feu.


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▷ QUE PENSE VOTRE PERSONNAGE DE TOUT CE QU'IL SE PASSE ACTUELLEMENT ?


Rakka est étrangement optimiste quant à l'avenir du monde en dépit des tensions subsistant entre les villages ninjas et la menace grandissante des groupuscules composés de déserteurs belliqueux. Il a foi en Konoha et son régime politique équilibré cherchant des compromis avant de prendre les armes.