« No matter what darkness lies ahead, I will pursue that path. No matter what, I will obtain power. »

Le soleil se levait depuis quelques minutes, l’aube teintant d’arabesques navel un ciel déjà nuageux. À l’abri du regard  de l’Homme derrière une épaisse paroi de roche, au fond d’une cellule vide de tout meuble, pourvue uniquement d’une table, une chaise et d’un lit à la couverture lactescente, notre protagoniste s’était assoupit quelques heures auparavant. Toutefois, malgré son style de vie parfaitement sain, le sommeil était difficile à trouver et à faire durer. Les révélations faites il y a peu avait été un choc difficile à encaisser, son dernier acte y étant intimement lié. Itachi avait prévu de mourir de sa main mais même en sachant ça, se pardonner d’avoir commis le fratricide envers ce même frère était un abysse à traverser. C’est la psyché hanté d’images que l’héritier se réveilla, son  fiel prenant part au processus si bien qu’il affichait en cette matinée une mine stricte et froide, pourtant seul dans la pièce. La tête toujours à plat sur le matelas, sa pupille onyx s’ouvrit sur le tas de vêtement face à lui. Sa chemise grise était étendue par le support d’une chaise et l’éventail rouge et blanc stylisé au dos fut la première chose qu’il vu. Ne le lâchant pas du regard, il l’observait comme pour se souvenir, se conforter. Son deuil serait une vengeance, dirigée de tout son être vers la tête du village de la Feuille. Chaque parcelle de sa volonté était appelée à se pourvoir de cette haine déchirante, n’aspirant qu’au chaos.

Hiruzen était le moins apte à se voir jugé par l’épée de Damoclès que Sasuke se devait de placer et fatalement le sort le fit quitter ce monde avant. Danzô, Homura et Koharu restaient. Trois noms, trois personnes, futurs boucs-émissaires du vengeur autoproclamé de l’engeance Uchiha. Un fardeau qu’il se devait de porter, une mission à accomplir et une appétence qu’il ne pourrait faire taire que d’une seule façon. « Tout ceci n’était qu’un ordre, une mission provenant des hautes-sphères de Konoha. Et c’est à partir de là que la vérité sur ton frère commence [...] Le seul qu’il ne put tuer... Fut son petit frère. L’homme qui pleura des larmes de sang en étouffant ses émotions et qui tua ses frères ne put se résoudre à te tuer, toi. Pourquoi, à ton avis ? Pour lui, ta vie valait plus que le village lui-même. » Ces même paroles raisonnaient comme celle d’un guide, signe d’une réalité qu’il avait accepté. De la même façon qu’Itachi s’était évertué à protéger le village, il allait s’éprouver à autant d’ardeur pour l’anéantir.

Avec cette accalmie le caractérisant, il s’éleva sans peine d’entre les couches de tissu en se dirigeant vers ses textiles, qu’il enfila rapidement. Une fois la fermeture zippée jusqu’au bord du col, il passe Kusanagi à sa ceinture, provoquant un petit tintement du métal synchronisé avec ses premiers pas dans l’obscurité de l’alcôve. Les gonds baillèrent sous la poussée du jeune homme, le laissant entrapercevoir un mur immense et éclairé par la réverbération des rayons du soleil sur le liquide aqueux retenu en quantité de bocaux. Chacun contenait un œil, ainsi qu’une petite légende au-dessous, où était sûrement assigné le nom de l’ancien ‘propriétaire’. Il n’en saurait jamais rien, puisque peu intéressé par ces choses. Tant qu’un non-Uchiha ne se baladerait pas avec, il n’apporterait aucune importance à cela.

Quelques autres portes étaient incrustées dans la pierre, et l’une d’elle grinça à son tour, d’où sorti Jûgo. Le colosse salua l’Uchiha d’un mouvement de tête, signifiant qu’il était prêt. Le ténébreux tapotant la garde de son arme avec précision en attente d’un quelconque signe, Tobi n’avait pas l’air de vouloir se montrer. Celui-ci avait l’habileté d’apparaître quand on requérait sa présence mais cette fois il dût faire sans lui. Une fois que Karin eut pointée le bout de son nez, le leader leur fit signe et ils se mirent en branle, prêts à le suivre. Ils quittèrent vite le repaire de l’énergumène masqué, Sasuke en tête, bien décidé sur la suite des opérations. Pour accomplir sa mission, il allait devoir redoubler d’efforts, ses premières cibles étant laborieuses à atteindre. Il lui fallait des renseignements, et pour ça il savait où aller. Les trois précédentes années, en plus de lui avoir permis d’accroitre son pouvoir, elles lui avaient donné la possibilité de voyager au gré des différents repaires de son maître, et sa mémoire photographique était telle qu’il se remémorait de chacun d’eux. Le serpent blanc sauvegardait précieusement ses renseignements, et il n’aurait pas été étonnant d’en trouver encore dans des pièces secrètes ou autres tours de passe-passe du malfaisant reptile. Il méprisait le déroulement et les choix de celui-ci, mais son respect se devait devant la puissance qu’il atteint, autrefois. Itachi l’avait éradiqué, mais il allait se révéler utile à l’héritier, même mort.

Le chemin se fit sans embûches, le trio se déplaçant furtivement à travers les plaines tantôt boisées, puis plate et dépourvue de flore. La journée passa ainsi, les membres de Taka parcourant la longueur les séparant du premier lieu à inspecter, jusqu’à qu’ils arrivent à une auberge vétuste, à quelques kilomètres d’une petite bourgade. Ils y pénétrèrent, restant tous couverts de leurs longs manteaux noirs à capuche, puis se placèrent au comptoir.

Pendant une trentaine de minutes ils restèrent tous silencieux, commandant et buvant à l’unisson. L’ambiance dans l’établissement se voulait calme et seulement quelques voix raisonnaient dans l’enceinte. « Où tiens-tu à te rendre exactement ? » La voix du berzerker se voulait calme et posé, résonnant à l’oreille de l’encapuchonné zyeutant le fond de sa coupelle de thé. « Le repaire d’Orochimaru, celui qui se situe le plus loin de Konohagakure parmi ceux des terres du Feu. » Il acquiesça, comprenant directement l’endroit susnommé, alors que Karin marmonnait à voix basse quelques propos qu’il ne chercha pas à écouter. « Sasuke-kun, tu es sûr qu’il est inoccupé ? » Pour la première fois de la journée, il naquit alors entre ses lèvres un sourire narquois. « Qui qu’on rencontre, il ne sera pas un obstacle. Je te l’ai déjà dit Karin, ceux qui se mettront sur mon chemin... » L’éphèbe se leva alors, laissant glisser quelques pièces de sa manche. Sa cape suivit le mouvement, alors qu’il se dirigeait vers la sortie. « Périront. »

« No matter what darkness lies ahead, I will pursue that path. No matter what, I will obtain power. »

La route reprit son cours, dans un silence qui aurait pu sembler pesant. La direction du faiseur de flammes était donc le repaire Nord d’Orochimaru, localité qui fut autrefois spectatrice du séjour en geôle de Jûgo. Avec un peu de chance, son perfide disciple n’aurait pas tout emporté et il serait alors en possession d’informations sur ces trois noms, gravés dans le marbre de son esprit. Il eut un sentiment de répugnance prononcé à la pensée de ce Kabuto, sous-fifre vivant dans l’ombre de son maître. Il était faible et lamentable à ses yeux, notre protagoniste voyant en ces deux défauts les pires tares d’un homme. S’il devait le rencontrer une fois sur place, Sasuke ne se contenterait plus de lui faire miroiter la funeste défaite du reptile blanchâtre mais l’a lui infligerait, si tenté qu’il ose se mettre en travers de sa route.

Hardi, il continuait d’avancer avec ses semblables au travers de drues forêts laissant peu à peu place aux plaines moroses. Passant près de là où il avait affronté pour la dernière fois Naruto, un petit rictus de complaisance s’afficha brièvement. Le développement de ses yeux était exceptionnel même parmi les génies que connu son clan, et il ne craignait pas de devoir batailler encore une fois contre lui. Le Sasuke qu’il avait affronté ce jour-là était enterré avec les restes d’Itachi pour laisser place à quelqu’un de différent, démuni de cette magnanimité. Il eut aussi sur le trajet quelques spéculations quant à ce qui était de la véracité du fait que l’homme masqué soit cet Uchiha à la longue crinière érigé à la Vallée de la Fin. Ce dernier étant possesseur d’un sharingan et capable de l’aider, il dût donc se résoudre à continuer ce petit jeu avec lui, quitte à se salir les mains.

Quelle que soit les façons dont il imaginait son hypothétique futur, toutes les voies emmenaient au fait que Konoha brûlerait sous son brasier, avec ou sans aide de tierces personnes. Malgré que ça put s’apparenter à une hantise, ôter la vie à ce ramassis de corrompus et les voir mourir de sa main était une perspective le ravissant. Toutes ses pensées se fracassaient sur la cage qu’était sa boite crânienne et pourtant, ce faciès laiteux paraissait toujours vide de toute expression. Sans vraiment prêter attention à ses comparses, il continua ainsi de cogiter, tant que la quiétude de l’endroit qu’il foulait de ses sandales le lui permit.

Peu après, il commença à se situer sur ces terres verdoyantes. La frontière avec Oto no Kuni était proche, et le repaire convoité aussi. La petite troupe ralentit alors la cadence à son approche, d’un simple mouvement de poignet de l’Uchiha. La discipline des suiveurs était presque sans faille, et sans Suigetsu pour provoquer le courroux de la senseuse l’atmosphère se voulait bien plus sereine. « Karin, discernes-tu des chakras dans les environs ? » Celle-ci se mit à rougir quand il se retourna vers elle, puis acquiesça comme pour se ressaisir et effectua son sceau habituel, closant ses paupières en affichant une moue concentrée. « Rien pour l’instant. » L’interrogateur prit cognition du renseignement tout en renouant avec sa déambulation, détonnant du fait de sa carrure au côté du rouquin.

La semelle de Sasuke vint enfin à fouler le pavé de pierres agencées typique au repaire. Entrer avait été simple pour lui, maintes fois expatrié ici au cours des pérégrinations de son ancien senseï et le dédale de couloirs s’offrit enfin à lui. Ses yeux s’illuminèrent bien vite de leur commune lueur vermeille liée au sharingan, le fils de Fugaku mettant toutes les chances de son côté dans cette exploration. Ils se séparèrent tous pour couvrir plus de terrain, le chef d’escouade commençant par le laboratoire. L’endroit était passablement glauque, muni de nombreuses tables encore tachées de sang et jonchées d’instruments en tout genre. Il jaugea la pièce, puis s’approcha d’un plan de travail couvert de multiples parchemins. Il se mit à les survoler, l’un après l’autre pendant une dizaine de minutes, jusqu’à que l’un d’un lui laisse afficher un rictus. Sèchement, il le referma et le glissa dans l’une des poches de son manteau. Fermant les yeux en soupirant comme s’il lui coûtait de faire ça, son chakra se concentra dans la plante de ses pieds, et en quelque seconde il se retrouva à l’entrée des méandres souterrains. Il tendit alors la paume devant lui et son typique Chidori s’y forma, provoquant dans le même temps l’impression que milles oiseaux  s’étaient engouffrés à l’intérieur, comme un signal pour rameuter ses semblables.

Ils ne tardèrent pas trop, chacun revenant avec quelques documents pouvant se révéler intéressant. Rien ne provoquant chez l’héritier autant d’intérêt que sa propre trouvaille, mais ce fut toujours ça de pris.  « Tu as ce que tu voulais ? » Lança le manieur d’énergie naturelle, n’obtenant comme réponse qu’un hochement de tête. « On rentre au repaire de l’homme masqué, on a assez gaspillé de notre temps ici. Il faut qu’on parle, lui et moi. » Sûr de lui, dégageant une aura belliqueuse, il partit en premier vers leur point de départ, tous plus ou moins enthousiastes au fait de réitérer cet effort physique. ▪ Danzô... Tu es bien imprudent. ▪

terminé.