« Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire... »

Ce théâtre n'est qu'une place vide où aucun acteur ne semble vouloir mettre les pieds. Abandonnés, les fantômes de ces lieux même avaient déserté l'endroit, laissant seul le shinobi du village de la foudre s'abritant de la pluie. Cette même qui s'écrasait à grosses gouttes sur une impressionnante coupole de verre, ridant la surface inlassablement dans un fracas indéfinissable. Et, perdu au milieu de la scène, Keaton attendait quelque chose, une rencontre, un personnage, un événement. Une main trop curieuse allait pousser ces portes et l'envie de bouger du ninja -chose qui démontrait son ennui le plus profond- allait sans doute faire que les événements allaient prendre une tournure inattendue. Soupirs et étirements pour éviter les bras de Morphée étaient alors au rendez-vous.

Mais à attendre on ne sait quoi, on finissait par mourir d'ennui. Et cette pluie qui ne cessait pas avait le don de se faire morfondre l'ex-membre des unités spéciales de Kumo. Il n'aurait jamais dû pénétrer dans un aussi vaste bâtiment, quoique jouer les clostrophiles n'était sans doute pas son fort. Nouveau soupir. Le blondin à la queue de singe s'étala de toute sa longueur sur les planches glacées qui composaient la scène, son regard à la fois blasé et fatigué tourné vers un plafond magnifiquement bien décoré. Entre gravures du plus bel effets et tapisseries que l'on pouvait facilement voir comme des plus réussies, ce théâtre avait dû coûter une fortune, sans doute un excès d'excentricité de son propriétaire, voire une folie passagère qui fut menée à bien pour en arriver là...

« ...Je me fais chier mais à un point... »

L'ennui. Le pire ennemi possible incarné par un ninja, combinaison farfelue mais pourtant bien existante, résultat de l'expression d'une telle connaissance que l'on en perdait toute envie d'apprendre... Keaton ne connaissait que trop bien ce sentiment, ce comportement de loque inextinguible et ne faisait que survivre en se cherchant diverses occupations. Mais les choses allaient bientôt changer maintenant que le bruit régulier de la pluie tombante était brisé par quelques échos qui parvinrent aux oreilles du blondin.

Bondissant avec une souplesse et une rapidité qu'on ne lui imaginait pas, il se plaça au centre de la scène et dégaina une dague qu'il pointa en direction de l'énergumène qui venait de rentrer. La lueur dans son regard avait nettement changée dès lors et on pouvait voir que ses mouvements étaient désormais animés d'une certaine volonté. Ne pouvant s'empêcher de frapper trois fois de son pied gauche la scène du théâtre, faisant résonner dans toute la pièce ce son sourd, il écarta les bras d'une façon telle qu'il donnait la précise impression d'une pièce de théâtre. Enfin, d'une voix beaucoup plus limpide, il commença à parler, accompagnant le tout de quelques pas sur la scène pour occuper tout l'espace qui lui était offert.

« Je te donne le choix de trois ou quatre morts :
Je vais, d'un coup de poing, te briser comme verre,
Ou t'enfoncer tout vif au centre de la terre,
Ou te fendre en dix parts d'un seul coup de revers,
Ou te jeter si haut au-dessus des éclairs,
Que tu sois dévoré des feux élémentaires.
Choisis donc promptement, et pense à tes affaires... »

S'ensuivit un léger rire qui prit rapidement des formes sarcastiques, donnant à l'atmosphère une nouvelle touche malsaine. Ceci fini, la réplique donnée, Keaton assura sa prise sur sa première dague, tandis que de sa main libre il arrangeait ses cheveux. Maintenant que le ton était donné et que la pièce avait commencé, les acteurs allaient entamer leur jeu respectif. Car le monde même est un théâtre dont nous sommes les principaux personnages, et où nos vies entremêlées à la manière des frondaisons forment la trame de cette pièce...

Quel était donc cet adversaire qui s’offrait à lui ? Un pantin articulé venait de faire son apparition, un être abject dont l’existence se devait d’être sanctionnée. Il était clair que Keaton aurait espéré plus redoutable adversaire, mais les choses se faisant, son manque de détermination allait vite se changer en un jeu visant à s’occuper au mépris de la vie de cet énergumène. Pour qui se prenait-il au final, si ce n’était que l’instrument d’un destin visant à employer le blondin à lutter contre l’ennui qui le rongeait. Et force était de constater que malgré l’entrain qu’il y mettait, cela avait eu l’effet d’une bombe sur lui. Son sourire s’était fait plus grand à l’écoute de la réponse de l’intrus, comme si il acceptait volontiers cette invitation. Se faisant, il ajusta ses cheveux, rangea sa dague et se mit à composer quelques mudras, laissant dès lors planer un vague silence qu’il rompit en prenant une légère impulsion sur le plancher de la scène qui se mit dès lors à craquer.

« Entacher ta collection ? Ça me semble être une idée parfaite ! »

Quelques parchemins de la taille d’une note explosive s’élevèrent alors de ses côtés, l’accompagnant dans sa charge. En effet, il s’était désormais mis à courir en ligne droite afin de venir jauger son adversaire au corps à corps, sensé représenter le point faible des marionnettistes même les plus talentueux. Ce corps de bois et d’acier allait goûter à la puissance céleste dont le blondin était le porteur, et ce pas plus tard que maintenant. Arrivé à portée de frappe, les parchemins prêts à se décaler pour dévier une quelconque attaque, il lança son poing en direction de la carapace de bois qui se dressait face à lui. Comment allait-il réagir au final, si ce n’était qu’en avouant sa faiblesse et en acceptant de se faire briser comme verre ?

récap’:

Voyant son adversaire mourir d'une crise cardiaque, Keaton changea le corps de Sasori en canapé, se servant de ses plus précieuses marionnettes pour fournir le bois de la structure. Le Kumojin dispose désormais donc d'un canapé en akatsukien croisé 3ème kazekage. Avec l'armée des 100 pantins utilisée pour faire tomber un pays, il confectionna une armée de cure-dents et autre mobilier utile à "enjoliver" le théâtre dans lequel ils se trouvaient. Peut être qu'un jour il penserait à le rénover plus proprement que cela...