Ce jour-là, le vent vidait sa force sur le Pays du Vent. La chaleur étouffante qui y régnait plombait toujours l'atmosphère. Le sable était soulevé dans les airs pour s'abattre violemment sur tout ce qui se pretend stable et figé au sol. Les habitants de ce Pays savent vivre et profiter de ce climat peut avantageux qui représente leur quotidien. Chaleur ardente, froid désarment, vent puissant, sable aveuglant... Il faut savoir s'accoutumer pour survivre ici. Les shinobis du village du Sable savent tirer profit de leur environnement, et la jeune et belle juunin aussi.

D'accoutumance, les shinobis expérimentés de Suna aiment profiter de ce temps pour s'entraîner et pousser plus loin leurs capacités. Hidemi était du même avis, et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de s'entraîner en plus des exercices quotidiens de tout guerrier. Personne ne viendrait lui proposer de s'entraîner en sa compagnie, cela, notre kunoichi le savait pertinemment. Ainsi, elle sortit de chez elle sans trop espéré qu'un de ces collègues juunin débarquent avec une aide bienveillante. Bien que le temps ait passé, Hidemi était restée la même à Suna. Elle était toujours aussi introvertie. Ses capacités peu alléchantes n'arrangeaient rien à l'affaire. Qui aime se faire éclabousser de sang durant un entraînement ? Ainsi, c'est seule, vêtue d'une longue tunique rouge, largement ouverte qu niveau des cuisses, et bustier, qu'elle se dirigea vers le désert. Elle salua ses collègues aux portes du villages, et s'enfonça dans cette tempête de sable qui n'était pas des plus ardue non plus. La belle kunoichi avait noué ses longs cheveux noirs en un gros chignon tombant. Elle réajusta ses gants, puis elle fit les signes nécessaires pour faire apparaître deux clones.  Ses deux reflets s'éloignèrent d'elle, se cachant dans le sable soulevé. La visibilité était fortement réduite par ce temps. Seul les résidents sauraient retrouver le village, les autres se perdraient en s'éloignant à  plus de 100 mètres de ses portes.

Ses deux clones disparus, Hidemi se fit une entaille au bras, et elle commença à tester sa force de frappe malgré l'adversité environnementale. Ses clones l'esquivaient du mieux qu'ils pouvaient, même si eux, autant qu'elle, ne voyait pas grand chose. Quand on se bat à son égal, le combat dur longtemps si on le souhaite. Mais quand notre égal est relié à nous, l'épuisement est redoublé. La belle s'épuisait dans cet entraînement, défoulant ses forces, et appréciant cette adrénaline dû à l'effort physique. Elle en profita pour tenter des esquives de dernière minute, cela lui permit d'exercer ses réflexes. Il est bien utile de progresser, mais une fois arrivé à un niveau de technique, il est d'autant plus utile et appréciable de conserver la forme.

Hidemi s'arrêta net, elle détruisit ses clones et se concentra sur un point lointain. Elle sentit qu'il y avait une présence non identifiée dans les parages. Elle ne prit pas la peine de refermer sa plaie dégoulinante de sang car, on ne savait jamais si elle n'aurait pas été utile face à l'inconnu qui s'approchait d'elle. Hidemi dévisagea cet homme qui semblait être un peu près aussi âgé qu'elle. Son visage restait blême, froid et sans aucune trace de quelconque émotion.
Cet homme ne semblait pas avoir réellement peur d'elle, bien qu'il tenait tout de même une certaine distance, ce que Hidemi put apprécier. Elle n'aimait pas qu'on s'approche trop près d'elle en temps normal, bien qu'elle fasse l'effort dans le cadre du jeu d'actrice. Cette assurance signifiait bien des choses pour la belle kunoichi : il avait l'habitude du sang, du combat, et connaissait un minimum le sujet. Un shinobi ? La certitude n'y était pas, mais le sentiment d'Hidemi s'avoisinait plus de la forte probabilité. Elle ne dégaina aucune expression à ses paroles. Quelqu'un qui se présentait sans aucune peur de dévoiler son nom, sans même savoir qui est l'autre, sans même s'asurer aucune sécurité, elle n'aimait pas du tout. Elle ne le ferait pas. Cette femme était la femme de l'ombre. La kunoichi au visage changeant. Son nom, même si les sunajin le connaissaient pour quelques uns, resterait le plus beau des mystère. En tout cas, elle n'allait pas s'inventer une énième identité pour cette étranger. Elle se contenta de le jauger quelques instants avant de lui répondre :

« Penses-tu que le village caché de Suna se dévoilera si facilement à toi, Fuji-san ? »

Elle commença à marcher d'un pas lent et précis autour de cet Hiroto Fuji. Son regard ne le lâchait pas, comme s'il était plantait en lui. Elle se permit un léger mouvement de la tête :

« Comment pourrais-je d'ailleurs savoir tes attentions, le mieux serait peut-être que tu disparaisse et te fasse engloutir par le sable. Je n'aime pas spécialement les curieux. »

Elle sourit légèrement. Un sourire qui ressemblait plus à un rictus :

« La plaisanterie sera courte, mais comprends que je ne te connais pas, et on est jamais trop prudent. »

L'entraînement de la belle kunoichi venait d'être interrompu par ce jeune étranger. Elle n'y voyait en cela rien d’intrigant, ni même de respectable, ou de courageux. Elle ne ressentait ni frustration ni curiosité. A vrai dire, Hidemi était le genre de personne qui prenait de haut les divers événements. On peut appeler ça relativiser, ou alors une froideur sans merci. Pourtant, ce n'était rien de cela, c'était irrévocablement une carapace. Pour la jeune kunoichi, lorsqu'on s'engage dans quelque chose , il se faut d'être irréprochable et à intégralement dans ce que l'on fait. Son métier est le port de masques infinis, l'aisance dans l'art de la cruauté, et pour être dans ce qu'elle fait, et le faire bien, elle se devait d'être cette personne. Pour réussir à vous effrayer, pour réussir à se tenir loin de toute attaque physique comme psychologique, pour se défendre face à l'imperfection du monde, elle était cette Hidemi Tsukichi qui vous inspire peu de sympathie.


La jeune femme s'attendait à ce que l'homme parte en rebroussant chemin. Bien qu'elle ne connaisse nullement ces capacités,  ni même son origine et encore moins ses intentions, elle préférait se présenter sous ce masque. Peur des représailles ? Non très peu pour elle, une kunoichi se devait de courir le risque, de plus, on ne pouvait indiquer la position d'un village caché aussi facilement. Le rictus qu'elle arborait s'effaça. Elle se raidit et s'arrêta net lorsqu'elle vit le jeune homme se mouvoir. N'importe quel mouvement peut inspirer la mort. Cette raideur était un état d'alerte, et son cœur s'accéléra. De part cette accélération cardiaque, les yeux d'Hidemi se tintèrent de rouge. Très peu, puisqu'elle venait à peine de se mettre en alerte. Le jeune homme ne pouvait probablement pas le voir d'où il était, et encore moins avec ce sable qui frappe violemment les visages des passants. Il allait sortir quelque chose de son sac. Le sang de la plaie d'Hidemi se durcit immédiatement à la vue de ce geste. Mais à quoi jouait-il ? Ses mouvements étaient d'une rapidité naturel, et ne semblait pas du tout chercher l'effet de surprise. S'il voulait l'attaquer, pourquoi ne le faisait-il pas par surprise ? Dans le doute, Hidemi aurait pu lui balancer ce kunai de sang qu'elle était en train de former.  Pourtant, cela était bien trop étrange pour pouvoir déterminer la bonne réaction à adopter. La jeune femme n'aperçut pas tout de suite ce qui sortit de sa besace, mais je ne peux vous décrire cette expression à la fois  ébahie et choquée qui habitat le visage de la belle kunoichi lorsqu'elle vit les boulettes de riz. Elle mit un certain temps avant de désintégrer son kunai. Le sang glissa sur le sable et fut vite englouti. Il se mit à lui parler.

< -- Si tu ne veux pas m’indiquer Suna ou me dire ton nom, peu importe. Dis moi juste où trouver de l’eau et à manger. Sinon, tu peux m’abandonner à mon sort, et je partirais, puisque j’ai compris que la solitude a l’air d’être ton vrai ami. >>


Essayait-il de jouer sur la pitié ou la provocation ? Hidemi aurait aimé lui dire qu'il ne fallait jamais attendre de la pitié d'un shinobi, même si certains se montraient fréquemment clément, beaucoup ne chercheraient pas à comprendre. Le rictus réapparut sur le visage de la kunoichi. Même s'il cherchait à connaître la position du village, Hidemi n'était pas sûre qu'il essayait bel et bien d'inspirer de la compassion. Se pourrait-il qu'il se moquait réellement qu'elle lui dise ou non ? Serait-il du genre libre comme l'air ? Son rictus s'élargit. Elle restait immobile derrière lui, hésitant à s'approcher, ce qui signifierait qu'elle aurait accepté la conversation. La solitude ? Il l'avait assez bien cerner. Elle se moquait bel et bien de tuer ce libre jeune homme, comme elle pourrait l'escorter jusqu'à Suna, vérifiant qu'il n'ait aucune hostilité envers le village. Elle finit par s'approcher et par se mettre face à lui.

« Tu es un drôle d'oiseau, et tu ne cherches pas à le cacher. Je te déconseille de commencer à t'installer pour manger, ton riz sera plein de sable par ce temps, et sans crier gare, si le vent s'agite, tu peux te retrouver à moitié englouti. »

Il ne connaissait guère a région. C'était indéniable. Elle prit une bande dans sa poche, et en quelques mouvements, ça plaie était bandée. Pendant ce temps, elle ne l'avait pas quitter des yeux, laissant le silence méditer sur leurs deux âmes.

« Très bien. On devrait se mettre en route... Il n'est pas bon de rester immobile dans le désert quand le sable se soulève. »